Oui, non, peut être, à la folie…

La France et l'Allemagne ont failli s'opposer à l'extension de l'autorisation de commercialiser le «Round Up» de Monsanto. Failli...

Mieux vaut qu'on s'habitue à des légumes traités de la sorte... hmmm... de la bouffe à l'américaine, chic ! Foto: USDA / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Nous autres Européens, nous avons vraiment de la chance. Car nous vivons dans un espace libre. Libre de toute entrave à l’activité économique. Dire que l’Europe a failli interdire le «Round Up» de Monsanto qui protège nos plantes agricoles d’insectes. Bon, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’agent de base du «Round Up», la glyphosate, est considéré comme «probablement cancérigène», mais «probablement», pardi !, veut dire probablement et rien de plus. Il est donc, par définition, peut être pas cancérigène. En cas de doute, allez hop, on décide en faveur du chiffre d’affaires et de l’emploi. Quelle chance de vivre dans un espace commercial libre !

S’il est vrai que la prise de décision sur un sujet aussi compliqué que l’interdiction d’un substance chimique, pour laquelle existent des expertises, contre-expertises et contre-contre-expertises signées par d’éminents scientifiques, parfois payés par les uns, parfois par les autres, n’est pas chose facile. On a déjà pu en faire le constat lors du vote sur la question au Parlement Européen – 109 eurodéputés s’étaient alors abstenus. Autant dire, ils ne savaient pas trop quoi décider.

Et puisque le «Round Up» génère un chiffre d’affaires annuel de 4,8 milliards de dollars pour le groupe Monsanto, mieux vaut protéger les emplois dans la production et les circuits de distribution de ce produit. C’est ce que pense le groupe Monsanto, en tout cas.

En France et en Allemagne, nous sommes encore plus chanceux que les citoyens d’autres pays – nous disposons de gouvernements qui, en quelque sorte, ne sont pas exactement favorables à l’extension de l’autorisation de commercialiser la glyphosate. Ils sont même, en quelque sorte, contre. Et la France et l’Allemagne le feront savoir la semaine prochaine à Bruxelles, lorsqu’une décision sera finalement prise. Car, le vote au Parlement Européen avait été organisé pour rire. Il ne comptait pas. C’est la Commission Européenne qui prend la décision finale. Le vote au Parlement Européen était pour la galérie.

Si le Parlement Européen avait voté en faveur d’une prolongation de 7 ans, la Commission veut maintenant accorder 9 ans de plus à Monsanto. Et là, la France et l’Allemagne diront «pas avec nous !» Courageux. Héroïque. Et ensuite, la France et l’Allemagne vont s’abstenir du vote. Et plus rien ne s’opposera donc à la poursuite de la commercialisation de «Round Up».

Faisons le calcul. 9 x 4,8 milliards de dollars, ça fait 43,2 milliards de dollars. Et on ne rigole pas avec des chiffres pareils.

Pourquoi alors ce vote au Parlement Européen ? Pourquoi alors ces déclarations allemandes et françaises qui finalement, ne s’opposeront pas à ces 9 ans supplémentaires accordés à Monsanto ? Et pourquoi faut-il que nous discutions de ces sujets qui fâchent ? Ils ne peuvent pas régler ça tranquillement dans le cadre du TAFTA et nous laisser en paix ? Ah non, c’est vrai, nous n’avons pas encore le TAFTA. Mais n’ayez crainte, on l’aura bientôt…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste