«Overshoot Day» : le monde vit à crédit

Tous les ans, la population mondiale épuise les ressources disponibles plus vite. Le 19 août, nous avions consommé la totalité des ressources prévues pour l’année 2014.

Depuis le 19 Août, nous dépassons les ressources de la Terre pour l'année 2014. Foto: Andrew Z. Colvin / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – «Overshoot Day», cela pourrait se traduire par «jour du dépassement». Cette année, «Overshoot Day», donc le jour où le monde a consommé l’intégralité des ressources prévues pour l’année en cours, était le 19 Août. Considérant qu’en 2009, le «jour du dépassement était le 1er Octobre, on constate que le monde s’épuise de plus en plus et qu’il devient chaque année plus difficile de récupérer. Pour que le monde prenne conscience de cette menace, le World Wildlife Fund (WWF) a instauré ce «Overshoot Day».

A partir du 19 Août, la population mondiale a donc consommé l’intégralité des ressources à sa disposition pour toute l’année 2014. L’humanité a d’ores-et-déjà dépassé son quota en ressources naturelles pour l’année, soit un jour plus tôt qu’en 2013. Le WWF tient à signaler qu’à partir d’aujourd’hui, nous sommes «dans le rouge» et que nous entrons en situation de déficit écologique, selon les données recensées par le «Global Footprint Network», une organisation internationale de recherche environnementale.

Tous les ans, l’ONG «Global Footprint Network» calcule «le jour du dépassement» : la date à laquelle l’empreinte écologique de l’humanité dépasse la biocapacité de la planète – à savoir sa capacité à reconstituer les ressources de la planète et à absorber les déchets, y compris le CO2. Cette date symbolise ainsi un budget disponible épuisé pour l’année.

Ah, les bons vieux temps ! Il y a 50 ans, la population mondiale n’a consommé que les trois-quarts de la capacité régénératrice de la Terre pour satisfaire sa consommation annuelle de ressources. Beaucoup de pays présentaient des biocapacités plus grandes que leurs propres empreintes respectives. Or, au début des années 70, un seuil critique a été franchi : la consommation de l’homme a largement pris le pas sur ce que la nature est en capacité de fournir en une année, en termes de recyclage du CO2 libéré et de production de nouvelles matières premières. C’est à cette époque-là que nous sommes entrés en situation de dette écologique.

Selon les calculs du «Global Footprint Network», il faudrait «une planète et demie» pour produire les ressources écologiques renouvelables nécessaires pour soutenir l’empreinte actuelle de l’humanité. Dommage – nous n’en avons qu’une…

Marco Lambertini, Directeur général du WWF International, estime que nous n’avons pas un instant à perdre : «Afin que nos enfants aient un avenir sain et prometteur, qu’ils héritent d’une planète digne d’y vivre, nous devons préserver le capital naturel qu’il nous reste et respecter notre planète».

Est-ce que tout est déjà perdu ? Pas tout à fait, mais la balle est dans le camp de la politique. Plus de 50% de l’empreinte écologique de l’humanité sont dus aux émissions de gaz à effet de serre produites par l’homme. Les coûts de ce dépassement planétaire sont à la fois écologiques – déforestation, pénurie d’eau douce, érosion des sols, perte en biodiversité et accumulation de CO2 dans l’atmosphère – économiques et humains. Il existe de nombreuses solutions qui permettraient de s’attaquer au problème: passer massivement à l’énergie renouvelable, opter pour des régimes alimentaires moins riches en viande, viser une économie circulaire sur la base du recyclage et de la réutilisation, repenser l’urbanisme, la mobilité et la fiscalité etc. – mais ces approches nécessitent une intervention massive de la politique.

Seulement, la protection durable de l’environnement nécessite un engagement politique à long terme et la politique est une affaire à court terme, limitée par les échéances électorales. Peu de politiques s’engagent dans des dossiers dont la durée dépasse un mandat électoral. Malheureusement, la préservation de l’environnement est une affaire qui dépasse clairement un mandat d’élu et puisque ce sujet n’apporte pas beaucoup de votes, on ne s’en occupe pas comme il le faudrait. Comme si on avait une «terre de rechange».

Le WWF publiera début octobre la nouvelle édition de son «Living Planet Report», un rapport publié tous les deux ans et qui constitue une sorte d’état des lieux de notre planète. Mais malgré le fait que nous savons parfaitement où nous conduisons notre planète, nous continuons à déplorer cette évolution sans en tirer les conclusions nécessaires. Les générations futurs apprécieront.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste