« Panama Papers » – tous responsables, personne coupable

En 2016, les « Panama Papers » déclenchaient une onde de choque, dévoilant des fraudes fiscales d'une dimension incroyable. Le procès contre les instigateurs a été classé sans suite.

Plus le crime est grand, moins il sera puni... Foto: VectorOpenStock

(KL) – La juge Baloísa Marquínez vient de classer le procès contre 28 inculpés dans le cadre des « Panama Papers » sans suite. Personne n’ira en prison, personne ne sera molestée. Si les autorités de différents pays ont pu encaisser 1,3 milliards d’euros de taxes de ma part des personnes citées dans les « Panama Papers » (qui n’ont jamais été contestés), le tribunal à Panama City a appliqué une règle que plusieurs politiques français connaissent et apprécient : le « responsable, mais pas coupable ». Et hop, affaire classée. Dans la haute finance, on se protège mutuellement.

Même l’inculpé principal, l’avocat germano-panamanien Jürgen Mossack, ne doit pas aller en prison. Avec son feu compagnon Ramón Fonseca Mora, son cabinet avait crée pas moins de 215.000 sociétés d’écran où les puissants et les riches de ce monde cachaient leur argent. Parmi les vedettes dont les noms figuraient dans les « Panama Papers », on trouve autant Vladimir Poutine que Volodomyr Zelenskyj, les anciens chefs de gouvernements Sigmundur Davíð Gunnlaugsson (Islande), Nawaz Sharif (Pakistan) ou David Cameron (Grande Bretagne), l’ancien président argentin Mauricio Macri et son compatriote Lionel Messi ou encore le réalisateur Pedro Almodóvar, pour ne citer qu’eux.

Personne ne sera donc puni pour ce que de nombreux observateurs considèrent comme le plus grand scandale économique des dernières décennies. Mais la juge Baloísa Marquínez estimait que les preuves n’étaient pas concluantes et insuffisantes. Pourtant, dans les pays où des fraudeurs ont du payer suite à la publication des « Panama Papers », les autorités estimaient que les preuves étaient amplement suffisantes, surtout dans la mesure où les contenus des 11,5 millions de documents « leakés » dans le cadre de ce scandale n’étaient jamais contestés.

Le plus étrange, c’est que l’instigateur de cette fraude gigantesque, l’avocat Jürgen Mossack, s’en sort également indemne. Son énergie criminelle n’est plus à prouver, avec son compagnon, ils avaient créée 215.000 sociétés écran, ce qui représente un travail considérable. Si l’agence Mossack-Fonseca a mis la clé sous la porte en 2018 pour cause « d’image endommagée », une fraude fiscale portant sur des dizaines, des centaines de milliards d’euros, aurait mérité une peine et non pas que l’affaire soit classée sans suite.

Une fois de plus, on constate que plus c’est gros, mieux ça passe. Mais lorsque les criminels au col blanc et la justice font cause commune dans un entre-soi insupportable, les citoyens se sentent, à juste titre, lésés. La leçon que l’on retient est simple : si le crime est énorme et commis par des gens de « bonne société », l’impunité est de mise. Bravo, Madame la juge, espérons que votre enveloppe était à la hauteur du cadeau que vous venez de faire à ces criminels.

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