Pandémie et inondations : les risques d’un rebond de crise

Alain Howiller se penche sur les possibles conséquences des multiples crises actuelles.

Les inondations en Allemagne (ici, à Kordel) viennent se greffer sur les difficultés liées à la pandémie. Foto: Chz / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Alain Howiller) – Les prévisions économique se suivent et -souvent- se ressemblent et Bruno Le Maire, Ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, fait bon usage du… toboggan sur lequel glissent avec constance, les spécialistes qui scrutent l’évolution de l’économie. Surfant sur l’annonce des nouvelles mesures définies par Emmanuel Macron pour essayer d’éviter une quatrième vague de Covid 19, il vient de déclarer devant les députés : « Ne partons pas du principe que le pass sanitaire va faire baisser l’activité, c’est au contraire la meilleure protection pour l’activité. » Et d’avancer de nouvelles prévisions de croissance pour 2021 ; l’économie française pourrait connaître un taux de +6% cette année.

Dans sa dernière note de conjoncture, établie sur la base d’une enquête menée auprès des chefs d’entreprise consultés -il est vrai à la veille des annonces faites par le Président de la République- la Banque de France relevait : « La vitesse de la reprise est un peu plus rapide que prévu le mois dernier par les chefs d’entreprise. L’activité s’améliore dans la plupart des secteurs de l’industrie et progresse fortement dans les services marchands, avec le rebond très marqué dans l’hébergement et la restauration. Dans le secteur du bâtiment, l’activité reste bien orientée. »

Ces espoirs dans le « Grand Est » ! – Du coup, on s’attend au Ministère de l’Economie, à une sensible progression des recettes fiscales permettant de ramener le déficit budgétaire en dessous de 9%, alors qu’on prévoyait initialement qu’il serait de 9,4% pour cette année. Quant au taux de chômage, il retrouverait pratiquement (à 8,1%) le niveau d’avant la crise sanitaire et on note une forte augmentation des créations d’entreprises (y compris dans le secteur de l’industrie : +10% sur un an).

Dans le « Grand Est », la note de conjoncture relève : « la poursuite de l’envolée des prix des matières premières et des difficultés d’approvisionnement… » L’analyse pointe une « légère diminution de la production en Juin avec des effectifs en baisse. A court terme, regain d’activité avec répercussion favorable sur l’emploi. Forte progression du nombre de prestations et de la demande dans les services »(1) et pour ce qui est de l’évolution de l’économie dans le Grand Est, la Banque de France (BdF) note : « Pour le mois de Juillet, continuité de la croissance. » La production industrielle, après un fléchissement en Juin, devait bénéficier d’une « augmentation en Juillet, avec des moyens humains renforcés. » Dans les services marchands, qui connaissent des difficultés de recrutement, la BdF souligne une « croissance marquée de l’activité globale. Trésorerie aisée dans l’ensemble. Demande s’étoffant en Juillet dans la plupart des domaines. »

Un relatif optimisme à tempérer. – Un relatif optimisme devrait s’imposer s’il n’y avait la menace d’une quatrième vague de Covid 19, les violents affrontements accompagnant la mise en œuvre de la nouvelle politique sanitaire, les aléas de la vaccination, l’impact de la politique de relance qui doit être prolongé par un troisième volet. « Le chiffre de la croissance dépend directement de notre mobilisation face au virus… », lance Bruno Le Maire pour qui, dans une envolée(!) quasi-lyrique : « Le vaccin, c’est la croissance. Le vaccin, c’est la sécurité, le vaccin, c’est l’emploi ! »

L’été sera décisif à cet égard et le mois qui vient apportera, sans doute, la réponse à cette angoissante question : arrivera-t-on, enfin, à vaincre la Covid-19 et à dépasser la crise sanitaire, à défaut de vivre avec elle ? Ancien Ministre (notamment du Travail), Président (LR) de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale, Bernard Woerth rappelle, quant à lui : « En temps de pandémie, il n’y a plus d’indicateur fiable ! »

L’ombre portée de… 2002 ! – Face à ces mêmes difficultés et en attente des mêmes réponses, l’Allemagne, de son côté, voit ses perspectives assombries par une catastrophe climatique sans précédent ! En pleine campagne électorale, elle illustre les propos de ceux qui défendent la thèse que si l’Histoire n’a pas de sens, il lui arrive de… bégayer !

Il y a 19 ans, au mois d’août 2002, l’Allemagne (notamment), en pleine campagne électorale, a du faire face à des inondations dont le bilan sera, heureusement, moins meurtrier. La manière d’approcher l’impact et la gestion de ces inondations sera décisive pour permettre au SPD de Gerhard Schroeder de l’emporter sur le bavarois (CSU/CDU) Edmund Stoiber ! Quel effet auront les inondations de 2021 sur le… résultat des élections du 26 Septembre ?

(1) Voir eurojournalist.eu du 26.06.2021.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste