Parité en politique : le Grand Est en retrait !

En route vers la parité femmes-hommes dans la politique. Si la démarche est enclenchée, il reste encore beaucoup de chemin à faire…

Il est grand temps d'en finir avec les vieux stéréotypes... Foto: Gonioul / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Alain Howiller) – Si le fait que la présidence de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) soit assurée par une élue, assistée notamment d’une première vice-présidente(1) symbolise, pour beaucoup, l’évolution vers une féminisation accrue des fonctions d’élus. Cette évolution a été favorisée par la volonté du législateur de faire évoluer les instances nationales ou locales qui dirigent le pays, vers une parité reflétant davantage la réalité sociétale et démographique.

« Introduire de fortes contraintes dans le code électoral, a permis de largement féminiser plusieurs assemblées locales. C’est le cas des Conseils Départementaux, pour lesquels on élit des binômes composés d’une femme et d’un homme. La parité est presque atteinte au Conseil Régional du Grand Est (47,9% de femmes) et dans les conseils municipaux des communes de plus de 1000 habitants (48,2%) où les listes doivent alterner femmes et hommes. Ces deux instances restent un peu en dessous de l’équilibre, car les têtes de listes sont plus souvent des hommes », soulignent Sylvain Moreau et Mireille Salomon dans une publication de l’INSEE-Grand Est.

Parité hommes/femmes : faut-il une loi ? – Face au grand débat qui oppose toujours les partisans et les opposants d’une parité imposée par la loi, les auteurs constatent que, par contre, « la féminisation est particulièrement faible en l’absence de contraintes légales : il n’y a, ainsi, qu’un tiers (32%) de femmes dans les conseils municipaux des communes de moins de 1000 habitants du Grand Est. »

Un constat que ne renierait pas, par exemple, Marie-Anne Barbat-Layani, secrétaire générale du Ministère de l’économie et des Finances, qui a longtemps été hostile à une parité imposée par des quotas introduits par la loi, mais qui relève aujourd’hui : « Les quotas, je trouvais cela humiliant au début, mais je me suis rendu compte que sans eux, il n’y aurait pas de femmes dans les conseils d’administration, que le parlement français en compterait moins que celui de la Turquie… La loi Sauvadet (ndlr : elle introduit en 2002, des quotas dans la haute fonction publique) a aidé… Mises bout à bout, ce sont ces petites choses qui font évoluer la situation » (dans Le Monde du 10.03).

Assemblée Nationale et Sénat : des infractions ! – Pourtant, les femmes sont rarement aux commandes, tant dans le privé que dans le public et « bien qu’inscrite dans la constitution dès 1946 et régulièrement consacrée par une série de lois, l’égalité hommes-femmes est loin d’être atteinte, tant dans l’accès aux postes de direction que dans les rémunérations ».(2)

Et, pour en revenir à notre sujet, la parité est même davantage en retrait dans le Grand Est que sur le plan national ! « Les élus de la région sont moins souvent des femmes qu’en moyenne en France métropolitaine », constatent S. Moreau et M. Salomon qui poursuivent : « L’écart le plus important est à l’Assemblée Nationale : malgré les pénalités financières, seuls 25% des députés du Grand Est sont des femmes… Au Sénat, 35% des élus du Grand Est sont des sénatrices… Dans le Grand Est, les conseils municipaux sont également moins féminisés qu’en moyenne en France métropolitaine (38,4% contre 42,2%) ; la région figure à l’avant-dernier rang, juste devant la Corse. La présence d’une femme à la tête d’une grande collectivité locale est rare… Les femmes sont également peu nombreuses à administrer des communes : 17,5% des maires sont des femmes dans le Grand Est… »

Strasbourg et Mulhouse : des exceptions ! – Et l’étude de constater : « Bien que Strasbourg et Mulhouse, deux des cinq communes les plus peuplées de la région, soient dirigées par des femmes, la féminisation de la fonction de maire de communes de plus de 10.000 habitants demeure faible dans l’ensemble (17,6%). La proportion est encore plus réduite pour les communes de 5.000 à 10.000 habitants avec seulement 11% de femmes maires. Leur part est plus élevée, mais reste très limitée dans les communes plus petites : 16,4% dans les communes de 1.000 à 5.000 habitants et 17,98% dans celles de moins de 1.000 habitants… » Globalement : « Au sein des conseils municipaux, la part des femmes diminue à mesure que les responsabilités augmentent… »

Si la situation a tendance à s’améliorer dans les jeunes générations (moins de 50 ans), force est de constater, en marge de la « Journée Internationale des Droits des Femmes », patronnée par l’ONU, qu’il y a encore du chemin à faire vers une parité équitable hommes/femmes. La route est entamée et l’étude de l’INSEE -remarquable car enrichie de nombreux tableaux et graphiques- met en relief que le Grand Est n’occupe pas une position en pointe dans le cheminement engagé. Le Grand Est a des progrès à faire et pas seulement dans le domaine du politique : en 2019, 34,8% des femmes occupaient des emplois de dirigeantes d’entreprise dans le Grand Est !

(1) La présidente est Pia Imbs, Maire de Holtzheim (3.600 habitants) et sa première Vice-Présidente est Jeanne Barseghian, Maire de Strasbourg.

(2) INSEE Flash Grand Est n° 57 et 58,Mars 2022.

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