Parlez-vous frantugês ?

Le portugais des émigrés et de leurs descendants vivant en France, est émaillé d’emprunts au français, qui les font moquer par ceux restés aux pays.

France – Portugal, deux pays séparés par l’Espagne, mais réunis par le frantugês ! Foto: NordNordWest / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Appartenant au groupe des langues romanes inclus dans la famille des langues indo-européennes, le portugais et le français ont des racines communes. Ce qui conduit leurs locuteurs respectifs, à emprunter l’un ou l’autre terme au parler de leurs plus ou moins proches cousins. Plus ou moins proches en cela que Portugais et Français partagent, depuis les années 1960-1970, quelques tranches de vie commune.

L’immigration vers la France a commencé au 16e siècle avec les Juifs fuyant l’Inquisition Portugaise. Au 19e siècle, ce sont essentiellement des artistes et des intellectuels qui sont venus s’installer en France, mais c’est surtout au 20e siècle que le flux migratoire devint important. Provoquée par la dictature salazariste puis encouragée par Marcelo Caetano, l’immigration portugaise n’a pas été stoppée net par la Révolution des Œillets en 1974.

Ainsi, les deux peuples sont riches d’une culture et d’un passé communs, dont on retrouve les traces dans le « frantugês », qui est pour les Portugais restés au pays, la langue des « emigrantes ». Ces derniers se font d’ailleurs bien, mais gentiment chambrer, lorsqu’ils reviennent au pays, après avoir vaillamment supporté sur la route les « búchões » qui sont en fait des « engarrafamentos ».

Ils n’ont certes pas oublié, comme le veut la tradition, « d’apitar » en traversant la frontière, mais beaucoup pensaient à ce moment précis « klaxonar », ce qui est un terme typique de « frantugês ». Ceux qui ont pris le train, ne sont pas arrivés à la « gare », mais à la « estação de comboios ». Ce qui ne les a heureusement pas empêchés de passer de bonnes « férias » et non « vacanças ». Mais il est vrai que de l’autre côté de la frontière, où l’on parle aussi une langue romane, ce temps de repos est nommé « vacaciones » !

Ouvrant grand leur coffre de voiture, qu’ils nomment improprement « cofre do carro » en lieu et place de « bagageira do carro »; ils ont gentiment offert des « cadôs » aux membres de leur famille, qui les ont reçu comme autant de « prendas ». Le moment était propice à ouvrir quelques bonnes « garrafas », que les « emigrantes » ont pris pour des « bútelhas ». Instants de convivialité qui eurent le mérite de mettre chacun à l’aise, bien dans ses « sapatilhas » et non « basquetas ».

Faisant preuve d’un grand sens de l’humour et de l’autodérision, les Portugais, tant de la diaspora dans les pays francophones que de la Péninsule Ibérique, n’hésitent pas à exploiter les ressorts comiques de ce qu’Édouard Glissant appelait métissage de la langue. Le comédien et humoriste franco-portugais José Cruz s’en est donné à cœur joie, mettant en scène les aventures de Pedro Bellomare, un linguiste frantugais…

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