Pas de crise pour l’industrie pharmaceutique

Dans le cadre du programme «Innovative Medecine Initiative» (IMI), l’Europe investit des milliards d’euros. Qui profitent surtout à l'industrie.

Faire de la recherche, c'est bien. Mais pas uniquement sur des maladies commercialement intéressantes. Foto: UC Davis College of Engineering, Biomedical Engineering Lab / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – L’Europe est un paradis. Du moins pour ceux qui possèdent des actions dans de grands groupes industriels et commerciaux. Comme l’industrie pharmaceutique qui profite, outre de ses bénéfices réalisés sur les marchés, de subventions à hauteur de 2,5 milliards d’euros de l’Union Européenne. Si l’idée à la base du programme IMI (lancé en 2009 et regroupant plus de 1220 acteurs, entreprises, instituts de recherche, administrations etc.) était bonne, l’industrie en a fait un vache à traire.

Lors du lancement de l’IMI, l’objectif était clair – financer la recherche médicale pour permettre de faire des progrès dans la lutte contre des maladies encore trop mal connues, donc les maladies qui, par manque d’attractivité commerciale, n’intéressaient pas les grands laboratoires. Qui eux, d’ailleurs, font tous partie d’IMI. Le bilan, comme le relatent «SPIEGEL ONLINE», le «SFR» ainsi que «De Standaard», sont un désastre ou plutôt un excellent exemple de ce que l’Europe est devenue – un libre-service pour tous ceux qui peuvent se permettre d’employer des spécialistes qui savent comment vider les fonds de l’UE.

Le budget de l’IMI est de 5 milliards d’euros, la moitié portée par l’UE, l’autre moitié étant fournie par les grands laboratoires sous formes d’apports en nature, par exemple par la mise à disposition de structures de recherche, de laboratoires, de personnel etc. – un peu au même format que le programme «Interreg».

La critique porte d’abord sur une opacité totale de l’IMI. Cet organisme finance en effet des recherches sur lesquelles les universités participantes n’ont pas beaucoup d’influence et ces recherches portent avant tout, sur des maladies ou des médicaments qui promettent aux industriels membres de l’IMI, d’augmenter encore leurs bénéfices. Mais est-ce que l’argent de l’UE doit vraiment financer un programme et une structure qui sert avant tout au développement d’un secteur qui se porte très bien ?

Pour ne pas compliquer les choses, l’UE laisse le contrôle de l’utilisation de ces fonds aux intéressés. Les résultats et documents des projets de recherche menés, ne sont pas disponibles pour ceux qui les ont financés – les citoyens européens, mais uniquement (et pas toujours dans leur intégralité) pour les membres de l’IMI. Tous ceux qui ont déjà eu affaire aux contrôleurs de l’UE pour des financements européens, ne peuvent que se frotter les yeux.

La Commission Européenne, compétente en la matière, n’y trouve rien d’anormal. Ainsi, la porte-parole de la Commission Lucia Caudet a déclaré : «L’IMI fédère les partenaires les plus importants dans un réseau composé de la Commission et l’industrie pharmaceutique européenne» – car «aucune entreprise ou organisation n’est aujourd’hui en mesure de faire face seule aux défis du développement de médicaments importants pour la santé de nombreuses personnes». Pas faux. Mais pourquoi alors est-ce que ces milliards d’euros ne servent qu’à subventionner indirectement l’une des industries les plus prospères ? Uniquement parce qu’ils ont trouvé «le truc» ?

Reste le sentiment frustrant que l’Union Européenne, comme souvent, n’a de l’argent que pour ceux qui n’en auraient pas besoin, mais qui savent comment le débloquer. Mais si jamais les grands acteurs de l’IMI arrivaient à développer un médicament contre la famine qui s’installe dans les pays du Sud de l’Europe, qui souffrent parce qu’il n’y a pas d’argent pour les aider (puisque ces fonds doivent être alloués à la bonne marche de l’industrie pharmaceutique…), alors, on aura rien dit…

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