Pas de sponsoring pour la présidence française de l’Union Européenne !

La France devrait refuser les cadeaux empoisonnés de "Big Business" pour sa présidence de l'UE. Foto: https://foodwatch.org

(KL) – La présidence du Conseil Européen change tous les six mois. Le 1er Janvier 2022, ce sera le tour à la France de prendre, pour six mois, les commandes de l’Union Européenne et l’ONG Foodwatch a lancé une pétition pour que la France soit exemplaire dans cet exercice, en se passant du « sponsoring » par des groupes nationaux ou multinationaux qui ont pris l’habitude de placer leurs publicités dans le monde politique. Mais l’Union Européenne n’est pas une émission publicitaire, mais l’organisation en charge de gérer le destin politique des 500 millions Européens et Européennes.

La pétition lancée par Foodwatch Allemagne, en coopération avec Foodwatch France, Foodwatch Pays-Bas, Foodwatch International, le Corporate Europe Observatory et l’Observatoire des Multinationales, a déjà obtenue environ 40.000 signatures et le compteur ne cesse de grimper.

Mais pourquoi s’opposer au « sponsoring » par des grands groupes ? Il suffit de regarder la pratique des dernières années : lors de leurs présidences, la Roumanie, le Portugal, Malte, l’Autriche, la Croatie et d’autres se sont fait sponsoriser par des groupes comme des grands importateurs (Portugal, sponsorisé, entre autres, par le groupe « sumol + compal » qui est le distributeur au pays pour les produits de Pepsi, Lipton et Gatorade), des groupes pétrochimiques (Croatie, sponsorisé par le groupe INA), des constructeurs automobiles (Finlande, sponsorisée par BMW ; Croatie, sponsorisée par Peugeot et Citroën ; Roumanie, sponsorisée par Mercedes ; Autriche, sponsorisée par Porsche) et cette liste pourrait, depuis 2004, être prolongée à souhait.

Si cette pratique est expliquée par le « coût de représentation qui dépasse largement les moyens alloués à la présidence », il s’agit en fait de la forme la plus décomplexée du lobbying.

Ainsi, on trouve du coup des coussins Coca-Cola dans les salles de conférence, les élus peuvent se faire conduire en limousines de luxe, les sites internet des pays concernés se trouvent ornés de logos comme celui de DHL ou de Microsoft et il est évident que cette proximité entre le monde politique et le monde économique, est absolument malsaine. Seule exception à la règle – l’Allemagne qui, pendant la deuxième moitié de l’année 2020, s’était passé de tout contrat de sponsoring pour sa présidence.

Si la France veut se montrer exemplaire pendant les six mois de sa présidence du Conseil Européen qui débute le 1er Janvier 2022, elle devrait également renoncer à ce sponsoring-lobbying. Bien que le secrétaire d’état aux affaires européennes, Clément Beaune, ait déclaré sur Médiapart « il n’y aura pas de financement privé de la présidence, pas de sponsoring ». Tout en relativisant ses propres propos : « Un constructeur automobile français pourrait nous prêter des véhicules électriques pour une manifestation, car là, il s’agit aussi d’une de nos priorités concernant le climat ». En clair : on acceptera que le sponsoring qui nous arrange…

La France devrait saisir l’occasion et mettre de la distance entre les lobbys qui eux, font la pluie et le beau temps à Bruxelles et qui contribuent largement au sentiment qui se répand dans la population : « ils sont tous maqués les uns avec les autres et font leurs deals derrière des portes fermées… »

En signant la pétition, qui s’adresse à Emmanuel Macron, le président de la République, Xavier Lapeyre de Cabanes, le secrétaire général de la présidence française de l‘Union Européenne et à Clément Beaune, secrétaire d’état aux affaires européennes, la société civile peut rappeler aux décideurs politiques que ce ne sont pas les multinationales qui devrait mener la politique européenne, mais les personnes qui ont été élues pour ça. Et vous, vous pourrez également signer en cliquant sur CE LIEN !