Pas seulement en France…

Le nombre d'incidents violents en milieu scolaire augmente. Mais pas seulement en France. L'Allemagne aussi doit faire face à un nombre de cas croissant où des enfants et adolescents deviennent des assaillants.

"Who's next?", à qui le tour, demande cette élève... Foto: Fibonacci Blue from Minnesota, USA / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – En France, on est impuissant devant les cas de violences dans le milieu scolaire. Des enfants et adolescents deviennent des meurtriers, entre eux, ou en s’attaquant aux enseignants. Mais force est de constater que ce phénomène ne touche pas seulement la France, mais aussi l’Allemagne, sans même parler des Etats-Unis. Hier, à Cuxhaven, dans le nord du pays, une jeune élève a attaqué une camarade de classe au couteau et la victime a du être hospitalisée dans un état grave. Et ce n’est pas le seul cas. Mais pourquoi est-ce que le seuil de cette violence a tellement baissé ?

Cuxhaven, Wildeshausen, Ibbenbüren, autant de petites villes, autant d’attaques au couteau. Et là, il ne s’agit « que » de trois exemples parmi d’autres. Parfois il s’agit de différends entre les élèves, parfois, en Allemagne comme en France, la victime est un enseignant ou une enseignante, comme à Ibbenbüren, où un élève de 17 ans avait tué cette année, son enseignante de 55 ans.

« La violence a toujours existé », tentent certains de calmer le jeu. Mais cette violence meurtrière en milieu scolaire, n’a jamais existé à ce niveau-là. Aujourd’hui, l’école n’est plus un endroit protégé, mais elle devient de plus en plus un endroit anxiogène, autant pour les élèves que pour les enseignants. Peu à peu, la peur s’installe dans les écoles et la violence semble devenir une sorte de « normalité » dans les établissements. En plus, de nombreux incidents moins graves, mais graves quand même, ne sont pas enregistrés auprès les instances des académies, car les proviseurs ne tiennent pas à faire remarquer leur école comme « école à problème ».

Est-ce le fractionnement fréquent des familles, une absence de repères ? Est-ce que ce sont les images d’une violence extrême auxquelles les jeunes sont exposés sur les réseaux sociaux ou à la télévision ? Guerres, attaques terroristes, reportages sur les incidents dans les écoles – est-ce cela qui baisse le seuil de la violence ?

Aujourd’hui, les jeunes apprennent que les conflits se règlent par la violence et que c’est le plus fort et le plus brutal qui a raison. Le respect, par exemple devant les enseignants, existe de moins en moins et les enseignants ont de plus en plus de mal à faire régner un minimum de discipline en classe. Sanctionner des élèves pour des mauvais comportements devient dangereux, car on ignore si l’élève ou ses parents ne risquent pas de se « venger ».

On remarque également un nombre croissant de jeunes filles qui deviennent des assaillantes, comme récemment à Lyon ou hier à Cuxhaven. Si, par le passé, la violence dans le milieu scolaire, était surtout un phénomène de garçons surchargés en testostérone, aujourd’hui, certaines filles affichent des comportements aussi violents que les garçons.

Il est urgent que les scientifiques arrivent à déchiffrer ce phénomène pour pouvoir agir de manière plus efficace face à cette montée de la violence, idéalement par des programmes de prévention. Agir quand c’est trop tard, ne sert plus à grande chose. Transformer les écoles en « prisons de jour », avec portiques et détecteurs de métaux à l’entrée, ne peut pas non plus être une solution, sauf pour éviter le pire à court terme.

Mais il s’agit là d’une évolution qui est dangereuse à plus d’un titre. Non seulement que la jeunesse grandit dans un sentiment de danger omniprésent, ce qui ne peut pas avoir un impact positif sur l’apprentissage, d’autre part, il deviendra de plus en plus difficile de trouver des enseignants qui ont envie de s’exposer à un travail de plus en plus pénible et de plus en plus dangereux.

Il fut un temps où l’assassinat d’un enseignant par un ou une élève était rarissime – aujourd’hui, nous comptons tous les ans plusieurs cas. Faut-il repenser le concept de l’école ? Faut-il investir davantage dans les écoles ? Bien sûr que oui, mais puisque nos responsables politiques préfèrent financer des guerres un peu partout dans le monde, tout en délaissant les structures scolaires où sont formées nos générations futures, le message est clair. On n’attache pas l’importance nécessaire à l’enseignement, on ne prend pas (encore) au sérieux cette violence qui s’est déjà installée dans les écoles. Il faut agir. Et vite.

2 Kommentare zu Pas seulement en France…

  1. Si comme vous l’écrivez régulièrement nos responsables politiques préfèrent financer les guerres c’est qu’ils y sont malheureusement contraints. Ce n’est pas un choix délibéré mais une attitude dictée par un monde de plus en plus chaotique. Si un jour l’Ukraine devait tomber sous le joug de la Russie cela se fera dans le sang et les larmes et vous serez le premier à demander pourquoi n’avons nous pas su empêcher cela. Mais il sera trop tard.

    • Contraints ? Notre propagande fonctionne aussi bien que celle des Russes. Lisez le 12e paquet de “sanctions” contre la Russie et vous constaterez que depuis le début de cette guerre, nous continuons à livrer à la Russie, les moteurs à courant continu et servo pour que les Russes puissent construire des drones. Pour que les Ukrainiens puissent abattre ces drones, nous leur livrons des systèmes pour le faire. Par ailleurs, le commerce avec la Russie tourne comme, et en partie même mieux, avant la guerre. Libre à vous de continuer à croire qu’en Ukraine, “on défend des valeurs européennes”, que nous voulons “nuire à l’économie russe” et que tout cela aille dans le bon sens. On finance cette guerre pour les deux pays, la Russie et l’Ukraine, et comme dans chaque guerre, il y en a qui en profitent énormément et qui nous font croire que ces guerres seraient sans alternative. On peut le croire, comme vous le faites, et on peut ne pas le croire, comme moi.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste