Pass Sanitaire : du « jamais » au « acté »

Dans la nuit de mardi à mercredi, les députés ont validé le « pass sanitaire » dans le cadre du projet de loi de sortie de crise .

L'appli TousAntiCovid, futur support du "pass sanitaire". Foto: Marine Dumény

(Marine Dumény) – Avec ce « pass sanitaire », validé dans la nuit du mardi 11 au mercredi 12 mai, en même temps que la sortie progressive de l’état d’urgence sanitaire, par les députés, certains accès seront désormais réservés aux personnes présentant un justificatif. A commencer par les déplacements à l’étranger.

Mesure coercitive et vague à la fois – C’est ce que dénonçaient, lundi 10 mai, les députés de tous bords, dans l’hémicycle. Coercitive, parce que pour avoir le droit de voyager, ou de participer à un évènement, les citoyens devront soit fournir une preuve de vaccination, soit un test négatif de dépistage, soit présenter un certificat de rétablissement (concrètement cela atteste qu’il y a encore des anticorps par suite d’une infection au Covid-19). Vague, puisque cette mesure ne précise aucune jauge pour lesdits évènements. Sur le site du gouvernement, il est cependant indiqué que ce pass sera obligatoire « dans les lieux ou des évènements rassemblant plus de 1.000 personnes ». Sauf apparemment pour le Tour de France, puisque Jean Castex, dans un entretien donné le 10 mai, l’affirme. Côté voyage, il répond à une demande de la Commission européenne pour le développement d’un certificat numérique afin de sécuriser la circulation dans l’espace européen. Ces mesures n’ont pas été modifiées lors du débat, celles actées portant sur la réduction d’un mois, demandée par le Modem, de la période de transition vers la sortie de l’état d’urgence sanitaire (passée de fin octobre à fin septembre). Le « pass sanitaire » devrait être disponible à partir du 9 juin sur l’application TousAntiCovid.

Quelques « questions », en effet… – Il y a un mois, Olivier Véran, ministre de la Santé, déclarait vouloir « miser sur la campagne de vaccination plutôt que sur ce procédé ». « Ça pose des questions éthiques, scientifiques, juridiques, techniques importantes », reconnaissait-il pendant le débat sur la crise à l’Assemblée Nationale. La vaccination vient de s’ouvrir le 11 mai (un jour en avance sur la calendrier prévisionnel) à toutes personnes majeures. Sous réserve d’un créneau disponible la veille pour le lendemain. Un rapide tour sur ViteMaDose laisse sceptique quant à l’adéquation théorie-pratique. L’option de la vaccination pour le « pass sanitaire » risque donc fortement, faute de doses, d’être exclue. Il reste donc aux personnes majeures, sans comorbidités, deux solutions pour voyager ou se rendre à un évènement de plus de 1.000 personnes : avoir encore des anticorps de la maladie et se faire établir un certificat, ou présenter un test PCR négatif. Les autotests sont également mis au banc puisque nasal et non nasopharyngés (comprenez pas assez profond, donc pas assez précis).

Sans approvisionnement accru en doses de vaccins, et avec le dispositif national actuel pour les tests PCR, il y a fort à parier que cette mesure va créer des inégalités sociales (aussi bien par le maillage de santé territorial que pour des questions d’âges).

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