Pauvres Allemands… ou la mauvaise répartition des richesses

La pauvreté sévit aussi en Allemagne - 12,5 millions d'Allemands sont considérés comme pauvres. Foto: Usien / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Voilà le prix de la «réussite» du modèle allemand – selon le rapport de pauvreté présenté par le «Paritätischer Gesamtverband», l’organisation qui fédère la quasi-totalité des organisations caritatives qui oeuvrent au niveau national. Selon ce rapport, l’évolution ressemble à un «glissement de terrain», souligne le rapport établi sur les données du terrain. 12,5 millions d’Allemands seraient ainsi considérés comme «pauvres». Pour arriver à ce chiffre, les auteurs ont utilisé la définition de l’Office Fédéral des Statistiques et de l’Union Européenne : est considéré comme «pauvre», une personne dont les revenus se situent à moins de 60% du revenue moyen, en tenant compte du nombre de personnes vivant dans le même foyer.

Les plus concernés sont les parents élevant seuls, 43% des personnes formant ce groupe vivent en-dessous de ce seuil de pauverté. Le plus grand problème, pourtant, reste à venir – le changement démographique. Déjà actuellement, le pourcentage de retraités vivant en «pauvreté», se situe à 15% et ne cessera pas de grimper.

Il s’ajoute un véritable clivage nord-sud en Allemagne. Si les Länder du Sud, donc la Bavière et le Bade-Wurtemberg se portent le mieux (il s’agit aussi des Länder au plus faible taux de chômage), tandis que le nord-est du pays, le Mecklenbourg-Vorpommern en tête, connaissent une véritable explosion de la pauvreté.

Bien entendu, il y a une différence entre être pauvre en Allemagne ou être pauvre en Grèce. Mais individuellement, les personnes concernées souffrent également. Avec le revenue minimum, le tristement célèbre «Hartz IV», 399 euros par mois (plus le loyer et l’assurance maladie), on ne vit pas bien en Allemagne. Et lorsque 12,5 millions de personnes (pour une population totale d’environ 80 millions d’Allemands) sont concernées par ce problème, c’est qu’il faut y faire quelque chose. La sacro-sainte croissance économique ne peut pas rester le seul paramètre qui doit dicter la finalité de l’économie.

Certains paramètres de notre vie risquent d’être remis en question ces prochains temps. Le format du travail, 5 jours par semaine, 7 ou 8 heures par jour, n’est plus adapté aux méthodes de production de l’ère de la Révolution Technologique en pleine évolution. Les relations entre les différents piliers de la société doivent être réinventés – entre politique, administrations, services publics et la société civile, le monde citoyen. L’équilibre entre ceux qui n’ont rien et ceux qui possèdent tout, doit être corrigé en faveur des démunis. L’éduction et la formation doivent faire l’objet de tous les efforts.

Les conséquences de la politique d’austérité allemande sont, à plusieurs degrés de moins qu’en Grèce ou d’autres pays du sud de l’Europe, les mêmes que dans ces pays. Un pourcentage alarmant de la population est «décroché», souvent éloigné des offres en éducation, sombrant dans des cités comme partout dans le monde urbain. C’est là que germe l’extrémisme, qui à l’origine n’est autre que la déclaration «cela ne peut pas devenir pire».

Quelque part il est logique que les systèmes de sociétés établis après la IIe Guerre Mondiale, ne puissent plus s’adapter au monde d’aujourd’hui. A la naissance de la Ve République et de l’Allemagne d’après-guerre, la Police arrivait encore à cheval ou à vélo – depuis, la vie a beaucoup changé – sauf nos institutions politiques. Mais si tout change, sauf les institutions, il semble tout autant clair qu’il faille également changer ces institutions. Non seulement en découpant les territoire pour les recoller autrement.

Les 12,5 millions de «pauvres» Allemands n’ont pas de lobby aussi puissant que ceux du monde de la finance. Et, frustrés, ils forment la plus grande partie des non-électeurs. Normal, puisque les partis dits «populaires» ne défendent pas suffisamment leur cause. L’éducation doit aussi jouer un rôle de déclencheur pour une conscience citoyenne et donc politique – si tous les «pauvres» votaient pour un «parti des pauvres», cela changerait le paysage politique.

D’ici là, l’évolution continue – de plus en plus d’Allemands sont coupés de la vie en société. Un chiffre qui doit réveiller tout le pays.

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