Pauvreté canarienne…

Présenté par les agences de voyage comme un paradis touristique européen à quelques heures d’avion du continent, les Îles Canaries ne sont pas paradisiaques pour une partie de leurs habitants.

On peut quitter une île canarienne, sans vraiment y avoir constaté la précarité d’une partie de sa population, et pourtant... Foto: JM Claus / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Dans la presse espagnole, plusieurs publications récentes mettent l’accent sur l’accroissement de la pauvreté aux Iles Canaries. Cet archipel vendu par les agences de voyages comme un paradis à quelques heures d’avion du continent européen, ne l’est pas pour tout le monde. Nous avions évoqué ici la situation des réfugiés venant d’Afrique de l’Ouest, mais le sort d’une partie des insulaires eux-mêmes est également critique.

Une étude de 2021 révèle que 38% des habitants de l’archipel étaient exposés au risque de pauvreté et/ou d’exclusion sociale. La grande pauvreté a connu au courant de l’année, une augmentation de 0,1%. Ce qui peut sembler faible, sauf bien sûr, pour les personnes touchées, mais ce chiffre doit être mis en perspective avec deux autres chiffres : d’ici quinze ans, le nombre de ménages canariens devrait augmenter de 21,5%, soit un accroissement de la population résidente de 15,5%.

Or, cela ne sera pas le fait de milliardaires philanthropes venant s’installer dans l’archipel, pour y employer du personnel payé rubis sur l’ongle et s’adonner à des actions en faveur du développement local écoresponsable. Loin s’en faut ! Sans le soutien des fonds publics lors de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19, la pauvreté aurait touché 45,6% de la population, alors qu’elle affecte aujourd’hui 28,4% des insulaires. Des chiffres effrayants, même si les mesures prises ont permis à 375.000 personnes de garder la tête hors de l’eau.

Avec Andalousie et l’Estrémadure, l’Archipel des Canaries dépasse la moyenne nationale en termes de risque de pauvreté. Ce sont les femmes et les enfants les plus touchés. 39,2% des femmes sont concernées par le risque de pauvreté et d’exclusion sociale, soit 2,7% de plus que les hommes qui ont vu leur taux diminuer de 5,2% durant l’année. 49,1% des Canariens âgées de moins de 18 ans sont exposés à ce risque, soit 13,9% de plus que l’année précédente. Pour les plus de 65 ans, il diminue de 10,6%, et pour les 18-64 ans de 2,4%.

La ruralité n’est pas une garantie de mieux-vivre, car 60,6% des personnes menacées de pauvreté vivent à la campagne. 59,2% de la population ont des fins de mois difficiles et 7% des insulaires sont en situation de privation matérielle et sociale sévère (PMSS). Rappelons que 20,4% des Européens vivent actuellement dans la précarité. Ce qui est un chiffre hallucinant au regard de la richesse produite par l’ensemble des pays.

En août 2021, les Organisations Non Gouvernementales (ONG) de l’archipel canarien alertaient quant aux coupes dans les budget du programme alimentaire européen. Hernan Cerón, le président de la Banque Alimentaire de Tenerife soulignait alors qu’il n’était plus seulement question de pauvres qui ont toujours été pauvres, mais aussi de personnes ayant perdu leur emploi, actuellement au chômage (ERTE) et appartenant à la classe moyenne. Non, Monsieur Aznavour, la misère n’est pas moins pénible au soleil…

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