Péage – pour un système de droit de péage harmonisé en Europe

Une harmonisation du droit de péage au niveau européen pourrait faire baisser les tarifs. Foto: User MyFriend / Wikimedia Commons

(KL) – En ce qui concerne le droit de péage sur les autoroutes européennes, le commissaire Günther Oettinger demande un «plus d’Europe» et se positionne ainsi contre les plans de la CSU bavaroise qui elle, voudrait instaurer un droit de péage pour les voitures étrangères. Hormis le fait qu’un tel droit de péage limité aux voitures étrangères pose un problème au niveau du droit communautaire, il s’agirait d’un acte peu amical vis-à-vis des autres Européens. En même temps, on comprend que les autoroutes allemandes, largement utilisées par l’Europe entière, doivent être entretenues et que cet entretien coûte de l’argent.

«Nous avons aboli les contrôles aux frontières en Europe depuis un bon moment», disait Oettinger, «je pourrais m’imaginer un droit d’utilisation des routes harmonisé au niveau européen». Car un droit de péage s’appliquant uniquement aux automobilistes étrangers, comme le prévoit le ministre des transports fédéral Alexander Dobrindt (CSU), pourrait constituer une infraction à la législation européenne. «Nous vérifierons si une telle démarche comporte une discrimination», a ajouté Oettinger, indiquant que le commissairen européen aux transports, Siim Kallas, aurait également des doutes quant aux plans allemands.

«28 systèmes de péage sont grotesques», a souligné Oettinger et il a raison. Pour les routiers et grands usagers des routes européennes, ces différents systèmes de péage sont lourdes à porter. Terminaux, vignettes, systèmes à micropuce – une harmonisation permettrait de réaliser des économies importantes, déjà dans la gestion de tels systèmes.

Les recettes d’un tel droit de péage seraient distribuées parmi les états-membres pour financer l’entretien des routes, suggère Oettinger. Mais pour la CSU bavaroise et partenaire de la Grande Coalition berlinoise, le dossier du droit de péage va plus loin. A quelques semaines des élections européennes, la CSU veut montrer aux électeurs allemands qu’elle dispose d’un profil européen propre – proche de celui des eurosceptiques de l’AfD.

Ainsi, le secrétaire général de la CSU Andreas Scheuer a réagi avec une virulence surprenante. «Le commissaire européen ferait mieux de se reposer pendant les vacances de Pâques au lieu de jouer les professeurs européens», a-t-il commenté la proposition d’Oettinger.

L’idée d’un système de péage européen harmonisé n’est pas nouvelle, mais intéressante. Un tel système européen pourrait se traduire pour les automobilistes par une baisse des droits de péage, puisqu’un tel système serait plus facile à gérer, une fois installé. De plus, la CSU n’a pas grande chose à gagner en se positionnant comme un parti anti-européen – cette place est déjà occupée par l’AfD et la CSU ne risque pas d’attirer des électeurs avec son idée d’un droit de péage demandé uniquement aux automobilistes étrangers. Pour Oettinger, le problème est un problème de la CSU bavaroise. «Il faut croire que les Bavarois aient besoin de quelqu’un contre qui ils peuvent se positionner. A l’époque, c’étaient les Prussiens, aujourd’hui, c’est l’UE.» Prochain volet du dossier : pas avant les élections européennes.