«Pegida» et Wilders : les islamophobes agissent de manière européenne

10 000 manifestants de la «Pegida» à Dresde célèbrent l‘islamophobe Geert Wilder comme une pop-star - et l‘ultra-droite continue à s‘organiser à l‘échelon européen.

A Dresde, ils sont toujours 10 000 à manifester contre une prétendue "islamisation de l'occident"... Foto: Kalispera Dell / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La «Pegida» tente de se relancer grâce au concours de l‘islamophobe néerlandais Geert Wilders, sans pour autant mobiliser les masses. Lundi soir, ils étaient 10 000 à suivre le discours de Geert Wilders venu soutenir Tatjana Festerling, la candidate de la «Pegida» aux élections municipales du mois de juin à Dresde. 10 000 xénophobes aux slogans bêtes et méchants, cela fait beaucoup. Même si on est loin des 30 000 participants que les organisateurs attendaient.

En arrivant sur la scène à «l’Ostragehege» à Dresde, Wilders avait déjà conquis son public. En flattant les xénophobes est-allemands pour leur courage de braver depuis des mois le froid hivernal lors des manifestations et tout cela, «pour dire la vérité». Le public aime bien entendre cela. «Wir sind das Volk», martèle Geert Wilders avec son accent néerlandais charmant et les 10 000 participants scandent «Wir sind das Volk» avec enthousiasme. En violant ainsi le slogan de la «révolution douce» est-allemande de 1989. Une récupération qui doit dégouter tous ceux qui s‘étaient engagés à l‘époque pour cette révolution qui conduisait alors à l‘unification allemande.

Et aux «Pegida» et Geert Wilders de souligner que l‘Islam ne fait pas partie de l‘Allemagne, contrairement à ce qu‘a dit Angela Merkel qui elle, devient de plus en plus le bouc-émissaire de cette ultra-droite qui se nourrit du ras-le-bol d‘une partie de la population. Un ras-le-bol généralisé qui se focalise sur l‘Islam comme les Nazis s‘étaient focalisés sur les Juifs pendant les années 30.

Wilders est un pro de la communication. Avec son public, il sait qu‘il faut éviter des phrases longues ou compliquées. Il se trouve face à un mouvement qui a besoin de slogans faciles à comprendre – comme «Les politiques mettent la tête dans le sable comme des autruches !», une phrase qui ne veut pas vraiment dire grande chose, mais qui transcende son public qui se met à hurler «traitre du peuple !» à l‘adresse d‘Angela Merkel. Une diction utilisée la dernière fois en Allemagne entre 1933 et 1945. «Volksverräter !»

Wilder a compris sa mission à Dresde. Il rassure les manifestants en leur disant qu‘ils aient raison d‘être des patriotes. Applaudissements frénétiques. «Voulez-vous que j`emporte Angela Merkel avec moi aux Pays-Bas ?», lance Wilders et le public exulte.

Les «Pegida» n‘ont pas besoin d‘un vrai discours politique. Les «Pegida» ont besoin d‘émotion et d‘être rassurés. Rassurés dans un monde qu‘ils ne comprennent plus dans l‘est de l‘Allemagne, là où les changements de la vie étaient les plus marqués après l‘unification allemande. Là où le chômage est le plus fort et où les gens ne voient plus de perspectives.

Si 10 000 manifestants «Pegida» sont 10 000 de trop, deux constats s‘imposent – d‘une part, «Pegida» est arrivé au maximum de son potentiel de mobilisation. L‘instigateur de la «Pegida» Lutz Bachmann voulait drainer 30 000 xénophobes dans les rues de Dresde, ils étaient trois fois moins. Deuxième constat – contrairement aux formations de la gauche en Europe, l‘ultra-droite arrive à s‘organiser au-delà des frontières. La gauche ferait mieux de les copier rapidement au lieu de laisser les mécontents en proie d‘un extrémisme qui scande des paroles de haine. La ville de Dresde, elle, aura du mal à se défaire de cette image d‘une ville où les idées d‘une Allemagne d‘avant-hier auront connu une renaissance.

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