«Pegida» – la droite allemande ouvre à voie à l’extrémisme

Face aux phénomène «Pegida», les partis de la droite, donc la CDU et l’AfD, n'arrivent pas à prendre leur distance. Mais faut-il pour autant favoriser l'émergence d'un tel mouvement ?

L'alliance entre les mouvements violents de l'extrême-droite en Allemagne est inquiétante. La photo montre une manifestation des "HoGeSa" à Cologne. Foto: www.blu-news.org / Wikimedia Commons / CC-BY 2.5

(KL) – Actuellement, le phénomène «Pegida» se limite encore à l’Est de l’Allemagne, à Dresde en Saxe, fief des groupes et groupuscules néo-nazis en Allemagne. «Pegida», c’est l’abréviation de «Patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abendlandes» («Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident», un titre qui pourrait faire sourire, si ce groupe ne constituait pas un danger énorme. Les partis de la droite allemande, les eurosceptiques de l’AfD, mais également une partie de la CDU et de la CSU, apprécient ce mouvement et le crédibilisent, au lieu de le condamner ouvertement.

Ce mouvement, organisé par plusieurs personnes connues des services de la police pour faire soit partie de mouvements extrémistes, soit pour des affaires criminelles, prêche la haine. Peu après la publication d’un rapport des services secrets allemands faisant état d’une augmentation spectaculaires des crimes de haine sur fond d’idéologies de l’extrême-droite, la droite allemande serait bien conseillé de condamner solidairement l’émergence d’un tel mouvement. Au lieu de cela, les ténors de l’AfD annoncent qu’ils puissent s’imaginer de participer à des manifstations de «Pegida» et plusieurs membres de la CDU et de la CSU ont déjà exprimé leur sympathie avec ces casseurs qui incitent à la haine religieuse et raciale.

«Nous nous sentons comme des étrangers dans notre propre pays», disent les «Pegida» et organisent toutes les semaines des marches de protestation à Dresde. C’est tout. Et il créent une ambiance qui justifierait des attaques sur des centres d’accueil pour demandeurs d’asile, des attaques personnelles sur des personnes d’origine étrangère. La droite allemande regarde, applaudit et se rend ainsi coupable de tout acte de violence commis suite à ces manifestations.

Ce n’est pas anodin. L’extrême-droite allemande procède comme l’extrême-droite en France. De manière de plus en plus décomplexée, il y a une partie de l’extrême-droite qui s’exprime avec ses idées farfelues dans la rue, tandis que certains partis politiques crédibilisent ce mouvement par des déclarations qui montrent qu’en Allemagne, la bête n’est pas morte. Au contraire, après un long sommeil, elle est en train de se réveiller, grâce au soutien de partis qui se veulent démocratiques, voire chrétiens.

Cette évolution est réellement inquiètante. Car une coalition d’extrémistes, de néo-nazis, de partis politiques dits «populaires», cela crée un environnement qui devient explosif. Ces dernières semaines, l’Allemagne a enregistré plusieurs attaques sur des centres d’accueil de réfugiés et le soutien de politiques des partis de la droite, stimule les casseurs qui se baladent dans la rue en scandant des slogans xénophobes. Ces esprits simplent se sentent encouragés par ce «soutien politique» et surtout l’AfD avec ses patrons, mue de plus en plus en uns sorte de Front National allemand, le bras politique des extrémistes qui sèment la peur dans les rues de Länder de l’Est.

Selon des informations de la police, ce mouvement «Pegida» serait interconnecté avec un autre mouvement xénophobe, les «HoGeSa» (Hooligans gegen Salafisten – Hooligans contre les Salafistes), un mouvement de «supporteurs» de football violent qui lui aussi, proteste contre une prétendue islamisation de l’Allemagne. D’un tel mouvement, l’évolution vers des groupes terroristes comme le «NSU» n’est plus loin et il est irresponsable que des politiques des partis dits «populaires» tentent de se rendre intéressants pour des portentiels électeurs de l’extrême-droite.

Force est de constater que des positions politiques xénophobes, d’un christisanisme fondamentaliste et hypocrite, aient fait leur entrée dans le discours politique dans quasiment tous les pays européens. Il faut également se rendre à l’évidence que les mouvements néo-nazis en Europe sont mieux organisés que les groupes anti-fascistes qui eux, agissent certes sur un plan local en réaction à ses mouvements d’extrême-droite émergeants, mais il leur manque une dimension européenne. Car c’est l’Europe entière qui, en vue de l’histoire tragique de notre continent pendant les derniers siècles, devrait faire bloc contre les nouveaux nazis qui eux, cherchent à semer la violence, la haine et le racisme en Europe. On devrait savoir où cela peut mener.

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