«Pegida» mobilise – heureusement aussi les anti-fascistes

Lors d’une nouvelle manifstation à Dresde, «Pegida» attire du monde pour «chanter des chants de Noël». Les contre-manifestants sont plus nombreux.

Les manifestants contre les xénophobes, néonazis et leurs supporteurs sont plus nombreux que les "Pegida". Heureusement. Foto: Fraktion Die Linke im Bundestag / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Ils étaient 17500 lundi soir à manifester à Dresde – le «Stammtisch» allemand voulait une nouvelle fois se délecter des paroles de néonazis, xénophobes et extrémistes, tout en affirmant de ne pas être des nazis. Pendant que l’extrême-droite s’autocélèbre, les autres Allemands se mettent à manifester contre les xénophobes. Ils étaient plus de 20000 à Munich, 4500 à Dresde, 2000 à Kassel et Bonn.

Les xénophobes, néonazis et leurs supporteurs à Dresde se comportent de plus en plus comme des fondamentalistes chrétiens. Les «chants de Noël» avaient réellement chantés à Dresde, coupés d’allocutions dont le niveau se situe entre une discussion au bistrot du coin et le congrès d’un parti de l’extrême-droite. Mais effectivement, ce mouvement xénophobe stimule une réaction des plus saines en Allemagne – le anti-fascistes s’organisent et la société doit se positionner. Bon point – la société allemande, hormis quelque politiques aux idées proches de celles de «Pegida», prend ses distances par rapport à ce mouvement qui veut ancrer des idées néonazis au «centre» de la société. Mais au centre de la société allemande, il n’y a pas de place pour des xénophobes et néonazis.

La qualité intellectuelle des «Pegida» laisse à désirer. Sur le podium à Dresde, des inconnus vociferaient contre «les étrangers», demandant «mais d’où vient tout cet argent pour les demandeurs d’asile», clamant que «70% des étrangers se trouvant en Allemagne sont des illégaux». Ceux à Dresde qui n’ont pas quitté cette manifestation en écoutant ces paroles, constituent le bas-fond de la société allemande. Ce sont eux qui permettent aux néonazis de proliférer, c’est exactement cette couche de la population qui a permis aux nazis de prendre le pouvoir il y a 80 ans.

«Pegida» s’en prend à tout le monde. Etrangers, politiques, journalistes – tout le monde se fait insulter par les «Pegida». Heureusement que les intervenants n’ont pas demandé à cette foule en délire de brûler des livres ou d’aller incendier des synagogues…

Dans le monde politique, on arrive actuellement à facilement distinguer ceux qui partagent ces idées et les anti-fascistes. Pendant que le faucon de la CDU Volker Kauder voudrait qu’on ne qualifie pas les manifestants de «Pegida» comme la «pègre néofasciste», indiquant que ces braves gens ne font qu’exprimer leur mécontentement généralisé, le chef des Verts Cem Özdemir a invité ses collègues à cesser les lamentations et de s’exprimer clairement contre toute tendance néofasciste et xénophobe.

Özdemir a raison, même si des experts sont d’avis que ce qui se présente comme de la xénophobie, ne cache en réalité qu’un conflit social. Tiens. On n’aurait jamais cru que des conflits sociaux pourraient constituer l’engrais du fascisme. Mais c’est logique ! Le terrain de la xénophobie et du fascisme est toujours constitué par des conflits sociaux ! Ce sont les gens qui craignent pour leur conditions sociale qui incitent à la haine de ceux qu’ils ont identifiés comme encore plus faibles qu’eux-mêmes – du temps des nazis, c’étaient les juifs, aujourd’hui, ce sont les musulmans et «les étrangers». C’est exactement ça qui permet au fascisme de germer.

La Fédération de l’Industrie Allemande (BDI), représentant plus de 100 000 entreprises et 8 millions de salariés, a clairement pris ses distances par rapport aux manifestants xénophobes. «C’est inaccptable», a commenté Ulrich Grillo, le Président du BDI, «la peur du terrorisme islamistes est utilisée pour diffamer toute une religion. Nous devons nous positionner clairement contre toute tendance xénophobe.» Des paroles claires qui font du bien et qui devraient faire réfléchir les politiques de la CDU et de l’AfD qui expriment leur «compréhension» face au néonazisme montant.

Mais il est aussi rassurant de constater que les manifestants CONTRE «Pegida» sont maintenant plus nombreux que ceux qui manifestent POUR «Pegida». La société allemande a pris conscience que «Pegida» n’est pas un rassemblement des mécontents, mais l’incubateur d’un «fascisme 2.0». Et ça, la grande majorité des Allemands n’en veut pas. Heureusement.

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