Percée brune dans l’Est de l’Allemagne

En Saxe et dans le Brandebourg, l’extrême-droite en seconde position

Des secteurs entiers délabrés et délaissés ! Foto: Jörg Blobelt/Wikimédia Commons/CC-BY-SA 4.0Int

(Marc Chaudeur) – Des élections très attendues – et redoutées : les élections régionales (dans les Länder) de Saxe et du Brandebourg. Les résultats ont en partie confirmé ces craintes.

On peut qualifier les résultats des élections dans l’Est de succès pour l’AfD, le parti d’extrême-droite. Il arrive en seconde position dans les deux Länder. Des chiffres jamais vus. En Saxe, l’AfD a obtenu 27,8% des suffrages, juste derrière le parti conservateur d’Angela Merkel, la CDU (32%). La gauche fait un mauvais score : les Grünen (8,6%) font moins que Die Linke (10,3%), le SPD… 7,6 % ! Le parti social-démocrate paie son embourgeoisement, son manque de prise sur la réalité sociale (surtout dans ces contrées de l’Est allemand), ses chicanes personnelles internes. Prévisible, tout cela – et cependant redouté.

Dans le Brandebourg, paysage différent, malgré tout. Ici, le SPD a fait un bon score : 27%. Mais hélas, dans la région autour de Berlin aussi, l’AfD occupe désormais la seconde place dans les suffrages : elle monte jusqu’à 23%  des votes ! Globalement, les résultats sont ici moins inquiétants que dans le Land autour de Dresden et de Leipzig : la CDU réalise 15,7% des suffrages, Die Linke, 10,6%, et les Grünen ont été choisis par 10,5% des électeurs, ce qui constitue un bon score. Il faut ajouter à cela les chiffres du parti libéral FDP (4,7%) et ceux des « Electeurs libres », assez inclassables (5%).

Ces résultats traduisent une fascisation croissante du paysage politique allemand, et surtout, est-allemand. Comment prétendre le contraire ou exprimer la situation différemment ? Absence de politique sérieuse de développement, absence d’investissements, attentisme post-communiste, démographie sépulcrale, nombrilisme des partis originaires de l’Allemagne occidentalo-riche… Ce diagnostic a été dressé depuis longtemps, maintenant – y compris dans les colonnes d’Eurojournalist. Mais l’absence d’imagination, la sclérose des esprits confits dans la graisse des Mcdos et dans le cambouis des appareils de partis paralysent à peu près totalement toute initiative effective et conséquente. Le seul espoir, du moins pour le moment, peut résider dans la montée des Verts, bien apparente malgré tout dans cette élection.

Le résultat : un paysage social et par conséquent, politique sinistré. Si l’écart entre Ouest et Est s’est indéniablement réduit depuis dix ans, les problèmes fondamentaux subsistent cependant. Et l’arrivée de nombreux migrants a joué le rôle d’allumette sur un baril de poudre – de manière analogue, mutatis mutandi, à ce qui s’est passé chez les petits Blancs pauvres dans les Etats-Unis à partir de la fin du 19e siècle.

On ne saurait haïr un modeste électeur de l’AfD, englué dans ses problèmes d‘après l’engloutissement de la RDA par le Kraken fédéral. Mais il faut plutôt botter le c… des partis établis, engorgés de nullité suffisante, et indifférents à la condition de ceux qu’ils sont censé défendre. Et qu’ils ne font qu’utiliser.

Mais est-il encore temps de les réveiller ?

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