Perdons-nous les acquis sociaux ?

On entend de plus en plus souvent des gens qui proposent de pénaliser les personnes non-vaccinées, en leurs interdisant de se faire soigner, en voulant les faire payer plus cher l'assurance maladie etc.

Personne ne pense sérieusement à barrer l'accès aux soins aux gens qui boivent maladivement de l'alcool. Foto: Aljona83 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – L’accès aux soin est un droit fondamental. Il n’y a pas si longtemps que ça, l’accès aux soins était réservé à ceux qui pouvaient payer un docteur. Aujourd’hui, après deux ans de pandémie, d’aucuns souhaitent barrer l’accès aux soins aux personnes non-vaccinées, les faire payer plus cher l’assurance maladie ou leur facturer d’éventuels soins en hôpital en cas de Covid. Mais même si cette pandémie tape sur le système à tout le monde, ce n’est pas une raison pour brader tous les acquis sociaux des dernières décennies !

Même le site « Ameli » le dit clairement : « L’Assurance Maladie s’est construite depuis 1945 sur trois principes fondamentaux : l’égalité d’accès aux soins, la qualité des soins et la solidarité ». Jusqu’ici, ce système a bien fonctionné et il est inconcevable d’y toucher dans la panique généralisée générée par le Covid.

Tous les ans, 120.000 personnes meurent en France suite à l’abus d’alcool et du tabac. Pourtant, personne n’a jamais demandé à ce que les éthyliques ne soient plus accueillis à l’hôpital, à ce que les fumeurs doivent payer l’assurance-maladie plus chère. Dans quasiment tous les hôpitaux, il y a même des coins fumeurs. 120.000 décès par ans dus au tabac et l’alcool, c’est « un Covid par an », comme l’a exprimé un docteur. Et pourtant, le fait que des gens boivent et/ou fument, n’a jamais motivé qui que ce soit de remettre en doute leur droit aux soins.

Qu’un certain pourcentage de la population refuse de se faire vacciner, c’est aussi la conséquence de deux années de mensonges gouvernementales ayant largement contribué à ébranler la confiance en un état qui se comporte de manière de plus en plus autoritaire, tout en évitant de décréter les mesures qui pourraient vraiment endiguer cette pandémie.

Evidemment, les personnes vaccinées voient d’un très mauvais œil les non-vaccinés qui parfois utilisent des pass sanitaires falsifiés, un comportement clairement criminel, et qu’ils n’assument donc pas leur décision de ne pas se faire vacciner. Bien sûr, cela fait désordre et il est évident que les personnes qui se conforment aux ordres de l’état, se sentent lésées. Mais priver une partie de la population de l’accès aux soins, n’est pas la solution.

N’oublions pas qu’avant la pandémie, les soignants avaient manifesté à Paris et ailleurs pour attirer l’attention publique sur le fait que les fermetures de lits dans les hôpitaux, ainsi que les mauvaises conditions de travail, mettaient en péril le bon fonctionnement du système hospitalier. A l’époque, le gouvernement actuellement en place avait envoyé les CRS pour gazer et tabasser les soignants-manifestants, sans prendre en considération leurs postulats. Aujourd’hui, la France, comme d’autres pays, souffre d’un manque de lits et de soignants et il n’est pas correct d’imputer cet état des choses aux personnes non-vaccinées.

Beaucoup de libertés ont été restreintes depuis deux ans et les gens ont tout accepté, pensant contribuer à un effort collectif visant à combattre ce virus. Mais il faut faire très attention lorsqu’il s’agit d’abolir des droits fondamentaux (en dehors de la question si barrer l’accès aux soins serait conforme avec la Constitution). Tant que les mesures prises par les gouvernements ne sont pas de nature à pouvoir réellement combattre cette pandémie, il convient de tourner le regard davantage vers les responsables politiques que vers les personnes non-vaccinées.

Depuis hier, le port du masque dans les villes est à nouveau décrété dans 40 départements. Quid des 50 autres départements ? A un moment où l’incidence nationale se situe à 1648,6, il est illusoire de penser que le virus ne sévit pas dans ces 50 autres départements, il est illusoire de penser que les gens restent sagement dans leur département, il est illusoire de croire que le port du masque dans 40 départements enlève la nécessité de protection dans les 50 autres départements.

Mais la « chasse aux sorcières » est bien plus facile à organiser, les personnes non-vaccinées sont les boucs-émissaires parfaits. Tant qu’on réfléchit aux sanctions que l’on peut infliger aux non-vaccinés, personne ne pose la question quant aux défaillances multiples du gouvernement et de ses responsabilités. Et visiblement, ce gouvernement estime toujours faire un super-job, tellement excellent que l’on distingue Agnès Buzyn de la Légion d’Honneur. Et s’il fallait chercher les responsables ailleurs que chez les non-vaccinés ?

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