Petites secousses et bon café

Aux Açores, la terre tremble toujours à São Jorge, mais n’ébranle pas pour autant des projets agricoles ambitieux.

São Jorge, une île verte sur fond bleu et terre rouge. Foto: Ruben JC Furtado / Wikimedia Commons / PD

(Jean-Marc Claus) – Complètement occultée par d’autres événements internationaux, la menace pesant sur l’île açorienne de São Jorge depuis le 19 mars, n’est pour autant pas totalement écartée. Début juin, la fréquence des événements sismiques n’avait, selon le Centro de Informação e Vigilância Sismovulcânica dos Açores (CIVISA), pas changé : soit en une semaine 783 secousses, dont 2 ressenties par la population.

Ces secousses ont été supérieures ou égales à 2 sur l’Échelle de Richter qui en compte 9. Ceci devant s’avérer rassurant, sans pour autant oublier que, comme les Canaries, les Açores sont des îles devant leur naissance au volcanisme. Ainsi, ces phénomènes naturels font, à différents niveaux, partie des facteurs de risque à toujours prendre en compte.

Mais le Gouvernement des Açores ne souhaite pas pour autant renoncer à donner un essor économique à l’archipel, car il en va du maintien des populations dans leur lieu de vie. C’est entre autres à cette fin qu’au mois de mai, alors que les séismes se poursuivaient, une étude développée par le « Groupe Nabeiro – Delta Café » a été l’objet de toutes les attentions des gouvernants.

Les Açores produisent du café en quantité très limité, sur Terceira et São Jorge, deux des neuf îles de l’archipel. Or, le climat et le sol açoriens sont propices à cette culture. Chose d’autant plus intéressante que les prix sont à la hausse pour diverses raisons, dont des récoltes catastrophiques dans certains pays producteurs.

Or, le Portugal ayant une relation particulière avec le café, en produire sur son sol constitue un enjeu majeur plus que symbolique. Ainsi, Rui Miguel Nabeiro, le directeur général de « Delta Café », s’est-il attelé à démontrer, preuves à l’appui, qu’aux Açores, plusieurs éléments concourent à rendre la production de café non seulement viable, mais aussi qualitative.

Le projet consiste à accompagner les agriculteurs intéressés par cette opportunité de diversification de leur production. Il n’est pas question de basculement vers une monoculture, car le terrain ne s’y prête pas et la production agricole açorienne est importante pour le marché local. Ainsi, aux Açores comme ailleurs, chacun sait qu’on ne se nourrit pas de café !

Par contre, dans ce domaine particulier, viser l’excellence peut s’avérer très payant pour l’économie locale. Il est bien sûr trop tôt pour en juger, mais la démarche en cours, impliquant le Gouvernement des Açores et l’Associação dos Produtores Açorianos de Café (APAC), a de quoi laisser les observateurs optimistes.

Le « Groupe Nabeiro – Delta Café » importe annuellement 27.000 tonnes de café en provenance de 60 pays, dont en Amérique Latine le Brésil, la Colombie, le Costa Rica, le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua, le Mexique, Panama, le Pérou et le Venezuela.

Il va alors sans dire qu’au regard de ces chiffres, le développement de la production de café aux Açores, n’est pas un enjeu majeur pour cette société. Par contre, localement, cela peut devenir une opportunité à saisir, car le soutien d’un tel groupe est une excellente garantie, à condition que les contrats signés ne désavantagent pas la biodiversité et ne s’opposent pas à la polyculture.

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