Peu à peu, nous oublions le drame des réfugiés

La situation à Idomeni à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, la situation devient de plus en plus dramatique. Et nous l’oublions de plus en plus. L’effet d’habitude.

Voilà notre réponse au désir des réfugiés syriens de retrouver un havre de sécurité - du gaz lacrymogène. Quel accueil dans le fief des Droits de l'Homme... Foto: raphaelthelen / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – L’actualité suit son cours, le terrorisme, le scandale de «Panama», le mouvement «Nuit debout», la loi sur le travail, le retour de la crise autour de la dette grecque, la crise de sens de l’Union Européenne, et du coup, le drame des réfugiés syriens tombe dans les oubliettes. Pourtant, la situation des réfugiés qui campent, à force des choses, à Idomeni à la frontière entre la Macédoine et la Grèce, devient dramatique. Ce qui se passe à cet endroit, à deux heures d’avion depuis Paris ou Berlin, est une honte pour toute l’Europe.

Le week-end passé, des réfugiés à bout des nerfs ont tenté de franchir le barbelé érigé pour empêcher les réfugiés de poursuivre leur chemin vers les différents pays de l’Union Européenne, et la situation a dégénéré. Il y a eu des jets de pierre, des soldats macédoniens ont tiré des cartouches de gaz lacrymogène sur les réfugiés, la police grecque a fermé les deux yeux pour ne pas devoir intervenir – c’est comme si l’Europe menait une sorte de guerre contre ces gens dont le seul crime consiste à avoir vécu dans un pays qui s’est transformé en théâtre d’une guerre civile sanglante.

A la base de cette situation à Idomeni, l’incapacité européenne d’agir comme une union. A la base de ce drame humanitaire, le refus de nombreux pays européens d’être solidaires avec un peuple meurtri, à la base de de drame humanitaire la peur de devoir partager nos richesses avec ceux qui en ont besoin.

Les états ne doivent pas être surpris en regardant émerger des mouvements de protestation, la politique qu’ils mènent est exactement ce qui révolte les citoyens et citoyennes. Car de nombreux sondages montrent que les populations européennes seraient parfaitement prêtes à aider les réfugiés. Toutefois, ces sondages indiquent également que les citoyens et citoyennes ne font pas confiance à leurs gouvernements pour résoudre la question des réfugiés, ils voudraient qu’on trouve une solution européenne. Et puisque l’Union Européenne avec son sacro-saint principe de l’unanimité s’est auto-paralysée, nous assistons, impuissant à ces scène où des gens désespérés se livrent des batailles sans issue avec des soldats armés jusqu’aux dents.

Ce manque de compassion, cette gestion d’une crise humanitaire avec une attitude d’expert-comptable, cela fait partie des choses qui motivent les gens d’aller manifester contre un monde politique qui chaque jour, s’éloigne un peu plus des aspirations des peuples. «Vous n’avez qu’à voter», nous dit-on. Oui, mais pour qui ? Pour l’instant, peu de partis politiques en Europe se sont faits forts pour cet accueil des réfugiés, de peur de perdre des votes aux extrémistes de la droite et aux néonationalistes qui actuellement, font la pluie et le beau temps en Europe.

Mais il faut se souvenir que les gens qu’on a interné à Idomeni, ce sont des victimes d’une guerre. Une guerre à laquelle plusieurs états européens participent activement, une guerre qui permet aux grands exportateurs d’armes (dont la France, l’Allemagne et la Grande Bretagne) de réaliser un chiffre d’affaires impressionnant, une guerre que personne ne semble vouloir terminer rapidement.

Il faut immédiatement transférer les réfugiés d’Idomeni vers les pays européens. Il faut que le Parlement Européen se fasse entendre et prennent la main dans ce dossier. Il faut que chacun s’engage à son niveau pour que cette politique froide et cynique soit changée et ce, rapidement. Et une fois de plus, ce serait à la France et à l’Allemagne de prendre l’initiative, de donner l’exemple et d’agir. Mais avant que ce «tandem franco-allemand» s’active réellement dans un tel dossier, beaucoup d’eau coulera sous les ponts du Rhin…

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