PFEU – le « Roi de l’Europe » doit livrer

La France vient de prendre la présidence du Conseil Européen et donc, le l'UE. Mais cette présidence vient au mauvais moment et les Européens ne se satisferont pas des slogans habituels.

La "PFEU" est une bonne nouvelle pour Emmanuel Macron, mais une mauvaise nouvelle pour l'Europe. Foto: Yann Caradec from Paris, France / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – La présidence de l’Union Européenne est tournante et change tous les six mois. Six mois, c’est court. Qui se souvient que jusqu’au 31 Décembre 2021, la Slovénie assurait la présidence de l’UE et qui se souvient d’actions ou de mesures initiées par la Slovénie et qui auraient marqué l’Europe ? Le fait que cette PFEU (« Présidence française de l’Union Européenne ») tombe en pleine campagne électorale en France, est une mauvaise nouvelle pour l’Europe, car en dehors des habituelles promesses et des slogans de circonstance, cette PFEU ne servira qu’à une chose – comme argument électoral d’Emmanuel Macron.

Le ton a été donné déjà lors du discours du président français le 9 décembre dernier. Emmanuel Macron souhaite « rendre l’Europe puissante dans le monde, pleinement souveraine, libre de ses choix et maître de son destin », ce qui, en somme, ne veut strictement rien dire. A moins qu’on ait loupé un épisode, on pensait que l’Europe était souveraine, qu’elle était libre de ses choix et qu’elle est maître de son destin…

Si les discours d’Emmanuel Macron trouvent encore des adorateurs en France où une partie de l’électorat se félicite encore aujourd’hui d’avoir un « jeune et beau président dont le monde nous envie », la perception de Macron à l’étranger est bien différente. Si le « sloganisme » qui domine le début de la campagne électorale en France peut prendre encore dans l’hexagone, au niveau européen, on s’attend à bien plus que des promesses, des slogans et un « personality show ».

Il aurait mieux valu que cette PFEU ne tombe pas pendant la période électorale en France – on ne s’attaquera pas à la fichue règle de l’unanimité, six mois est trop court pour trouver de nouvelles approches dans la gestion des relations avec les « états de Višegrad », il n’y aura pas de « nouveau projet européen » et il y a de fortes chances à ce que ces six mois ne suffisent pas pour trouver un modus vivendi avec la Grande Bretagne qui, depuis le Brexit, souffre et se cherche.

Si le début de cette présidence française était très « française », avec le symbolisme parisien de circonstance, les autres pays européens sont beaucoup moins sensibles à cette personnification du pouvoir à la française – les 26 autres partenaires européens ne s’attendent pas à des déclarations qui n’engagent personne à rien (à l’instar des « 10 propositions européennes » que Macron avait fait publier dans les grands quotidiens allemands et qui n’étaient rien d’autre qu’un coup de communication), mais à de l’action. Mais l’Europe pourra attendre longtemps, Emmanuel Macron a d’autres chats à fouetter, en premier lieu, la réélection à la présidence française.

Ce ne seront pas les promesses européennes qui manqueront pendant la PFEU, et l’UE s’invitera forcément dans la campagne présidentielle. Pour Emmanuel Macron, c’est une aubaine, pour l’Europe, ce sera très frustrant. Car en dehors des promesses faciles à prononcer, l’UE attendra en vain de nouvelles impulsions pour moderniser les institutions européennes. Si on France, on risque de passer à côté de cette dimension européenne, puisque le pays sera trop accaparé par les campagnes présidentielles et législatives, en Europe, on regardera attentivement cette PFEU. L’Europe s’attend à ce que le « Roi de l’Europe » livre – mais il ne livrera rien de remarquable pour l’Union Européenne. Mais il saura communiquer aux Français qu’il est le champion de l’Europe et il profitera de cette PFEU pour ses ambitions personnelles. La PFEU arrive au plus mauvais moment…

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