Plan de relance : les 330 millions de la CeA pour le territoire alsacien

La Collectivité européenne d'Alsace est en train de devenir un acteur incontournable dans la région. Foto: Gzen92 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Marine Dumény) – Il se veut complet et concret. Le Plan de relance économique, première grande mesure de la toute jeune Collectivité européenne d’Alsace (CeA), est sur les rails. Créé en partenariat avec les acteurs des secteurs touchés par la crise sanitaire, il s’adresse aux populations fragilisées, et non prises en compte par les précédents dispositifs (qu’ils soient de l’Etat ou des conseils départementaux du Haut et du Bas-Rhin). 330 M€ leur seront consacrés au titre de ce ‘Plan alsacien de rebond, solidaire et durable’ sur la période 2021-2023.

La jeunesse, fer de lance – Population parmi les plus touchées par la crise par la crise, les étudiants voient leurs problématiques prises en compte. En trois axes principaux, s’articulent des solutions tangibles : l’alimentation, le logement et les aides d’urgence. Ce sont au total 2M€ qui leur sont dévolus. Le premier axe cité, prend en compte l’absence de restaurant universitaire sur le territoire de Haguenau et permettra une ouverture des établissements départementaux (collèges) pour dispenser des repas à 1€. Les associations de distributions alimentaires seront soutenues, dont l’Agoraé, et des recrutements d’étudiants sont à prévoir pour faire tourner ces dispositifs. Concernant le logement, le FSL (Fond de Solidarité Logement) pourra intervenir en cas de besoin à hauteur de 600€ d’impayés de loyer (et/ou de 250€ en matière de factures énergétiques). S’agissant des aides d’urgences, les demandeurs d’une aide depuis le 1er septembre auprès du CROUS, ou suivis par une association, seront éligibles pour un chèque solidaire de 100€ minimum (dans la limite des 900 000€ alloués à cette mesure). Un complément au loyer étudiant, en adjonction des APL est à détailler. Autre aide, celle relative à la création de 200 jobs étudiants, ou encore le soutien psychologique via le CAMUS (Centre d’aide Médico-psychologique Universitaire de Strasbourg) ou le dispositif des étudiants relais.

Quant aux jeunes, l’accès au logement, des services civiques, des stages, et un programme d’insertion par le sport sont mis en place. L’expérimentation d’un service civique transfrontalier, en partenariat à l’OFAJ (Office Franco-allemand de la Jeunesse) complètera ceux de la CeA et le recrutement en soutien dans les Missions locales. Le sport, vecteur de socialisation, se décline dans ce plan en deux solutions : le déploiement d’une « école d’inclusion par le sport » sur le territoire de l’Eurométropole de Strasbourg qui mènera à des CDI et la fédération, sur le territoire mulhousien, des clubs de foot dans un programme mobilisant deux éducateurs diplômés et formés sur le sujet spécifique de l’inclusion par le sport.

Economie et Climat, jamais l’un sans l’autre – Les maîtres mots dans les domaines de l’économie et du climat de ce ‘Plan de rebond alsacien’ sont ‘territorialisation’ et ‘vie courante’. Le cumul des fonds engagés pour ces principales mesures s’élève à 83,7M€. Au cas par cas, les territoires et leurs besoins sont étudiés. Ainsi, ils se répartiront entre un accompagnement des territoires pour la mise en place des nouveaux contrats de développement territoriaux, un soutien des communes dans la redynamisation de leurs centre-ville, l’accélération de la réalisation des infrastructures (comme la déviation de Châtenois, l’aménagement multimodal de la RN4 et de l’A 351, la mise à 2×3 voies de l’A 36, la nouvelle liaison ferroviaire Euroairport, ou concernant le contrat post-Fessenheim).

S’ajoute à cela la transition écologique et énergétique de l’Alsace avec le lancement de la démarche d’élaboration d’un plan climat Alsace comprenant : le déploiement massif du plan photovoltaïque, le lancement d’un programme pour la création d’îlots de fraîcheur dans les collèges et les Ehpad, des aides aux communes forestières, la création de la filière « Alsace Energies » pour une énergie verte, 100% locale, 100% renouvelable d’une part et lutter d’autre part la création d’« Alsace rénov » contre la précarité énergétique, avec les offices HLM. Mais aussi le soutien des filières d’avenir, une protection de l’emploi et des compétences (notamment des PME et TPE), la création d’un contrat d’apprentissage immersion en entreprise pour favoriser l’accès à l’emploi des allocataires du RSA ou en situation de handicap et le développement d’une plateforme de financement participatif pour soutenir des projets associatifs engagés et innovants ayant un impact social, et sociétal, fort.

Alsace, terre de cœur et de culture – Sur le thème de l’engagement justement, le rebond des secteurs culturels, associatifs, sportifs et touristiques est encouragé. Il s’agit de relancer l’offre de culture dans les territoires. Dans ce but, des appels à projets dans les collèges et établissement sociaux seront lancés ainsi qu’un soutien financier à la création artistique alsacienne (versement aux acteurs culturels au 1er semestre 2021). Une mobilisation des établissements culturels comme le Vaisseau, la Bibliothèque d’Alsace ou le Château du Haut-Koenigsbourg pour des rencontres artistiques ou des visites d’établissements scolaires sera mise en œuvre, ainsi que des places à tarif réduit. Sur cette même idée, une billetterie solidaire de 500 000 tickets ouvrira pour les plus défavorisés, sous réserve de conventions des lieux culturels, pour la saison 2021-2022. Pour la saison suivante, un budget permettra de proposer des « voyages en terres alsaciennes et rhénanes » : des circuits découvertes aux quatre coins du territoire alsacien. La numérisation de l’offre touristique sera par ailleurs subventionnée. Des lectures, en partenariat avec la Bibliothèque d’Alsace, seront proposées dans les communes rurales. En tout, ce sont plus de 20,5M€ qui sont injectés via ces mesures, en première intention, dans les secteurs associatifs, culturels, et touristiques.

En matière de santé publique, la crise sanitaire fait office de prise de conscience, et 15M€ vont à l’attractivité et la qualité des pôles médicaux et pour l’acquisition d’équipements performants. Il ne reste plus à la CeA qu’à garder le cap sur les années à venir !

Pour en savoir plus sur la mise en place de ces mesures et la création de ce « Plan de rebond alsacien », l’interview de Fatima Jenn, Conseillère d’Alsace et déléguée auprès du président de la CeA au Plan de relance, est disponible sur notre site.