Please don’t go…

Le magazine d'information allemand DER SPIEGEL vient de sortir son « Brexit Issue » contenant sur 23 pages, une déclaration d'amour à la Grande Bretagne. En Anglais dans le texte.

Les Allemands ne veulent pas que la Grande Bretagne quitte l'UE. Et ils le disent en Anglais... Foto: DER SPIEGEL

(KL) – Si ce n’étaient pas les Britanniques, mais les Allemands qui avaient à voter sur la question du « Brexit », le résultat serait sans appel. 79% des Allemands sont favorables à ce que la Grande Bretagne reste dans l’Union Européenne, car le « Brexit » serait l’expression de l’échec du projet européen, une perspective qui fait peur aux Allemands.

Pour que DER SPIEGEL publie un numéro qui contient 23 pages dans la langue de Shakespeare, en l’appellant « Brexit issue » et en le vendant au prix de 2 £, il faut que la situation soit vraiment tendue. Les derniers sondages qui voient le « Brexit » l’emporter à 55%, inquiètent outre-Rhin et on essaye de se consoler en se disant que les sondages s’étaient trompés lors des dernières élections en Grande Bretagne et également au sujet du référendum sur l’indépendance écossaise. Ce n’est pas que les Allemands craignent des conséquences économiques d’un « Brexit », scénario que personne ne peut réellement évaluer actuellement, mais parce que depuis la création de l’Europe institutionnelle, les Allemands ont l’Europe inscrite dans leur ADN. Une sortie de la Grande Bretagne serait vécue comme la perte d’un membre de la famille européenne, comme la fin d’un rêve européen qui, pour l’Allemagne, est très important.

L’Europe, malgré ce que l’on pourrait croire en écoutant des Schäuble & Cie., représente pour les Allemands bien plus qu’un marché intérieur – il s’agit pour l’Allemagne du pardon matérialisé des horreurs des guerres menées par les générations des grand-parents. Etre « européen », c’est pour les générations d’après-guerre en Allemagne, l’expression du rejet de ce que ces générations précédentes ont pu infliger à l’Europe, être « européen », c’est le contraire de l’Allemagne nazie et wilhelmienne. Peu étonnant que les seuls en Allemagne à remettre cette Europe en question, sont les adhérents à cette nouvelle extrême-droite nationaliste – pour les autres, l’Europe est une manière d’être, une évidence.

Dans le contexte de la question des réfugiés, l’Allemagne a du se rendre compte que la solidarité européenne n’existe aujourd’hui plus que sur le papier et dans des discours de dimanche des responsables politiques. Mais la conséquence pour une large partie des Allemands ne serait pas de vouloir quitter, mais au contraire, d’améliorer cette Europe qui se porte si mal.

La peur allemande du « Brexit » est aussi celle d’un « effet domino ». C’est la peur de voir partir, les uns après les autres, tous ceux qui ne sont pas contents actuellement. Si les Allemands sont conscients que l’Europe doit se réformer, ils préfèrent que ce soit fait de manière organisée.

Ainsi, malgré les déclarations d’un Wolfgang Schäuble, qui n’a trouvé mieux à dire que « si la Grande Bretagne devait sortir de l’Union, l’Europe continuera quand même à fonctionner », les Allemands ne veulent pas perdre ce membre de la famille européenne qui est la Grande Bretagne. D’où ce « Brexit issue » de DER SPIEGEL, d’où les nombreux appels des Allemands en direction des électeurs britanniques – PLEASE DON’T GO !

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