Plein écran : « Tre Piani » de Nanni Moretti, des étages d’humanité

Au Festival de Cannes, Esther Heboyan a vu pour vous « Tre Piani » de Nanni Moretti, autre film de compétition.

Tre piani de Nanni Moretti - pas toujours évident de mener une "vie normale"... Foto: fandango / sacher film

(Esther Heboyan) – Alors que Mothering Sunday d’Eva Husson privilégie l’unité de temps pour conter des destins croisés dans l’Angleterre bucolique au lendemain de la Première Guerre Mondiale, Tre Piani de Nanni Moretti s’arrête sur l’unité de lieu dans l’Italie d’aujourd’hui. Adapté du roman Trois étages d’Eshkol Nevo qui a pour décor Tel Aviv, Tre Piani est situé à Rome, sur la rive droite du Tibre dans le quartier huppé de Prati. Trois familles bourgeoises habitant le même immeuble doivent composer avec divers aspects de l’existence – amour, séduction, solitude, chagrin, deuil, folie, méfiance, souvenirs, vie professionnelle, relations familiales… Moretti en a co-écrit le scénario avec Federica Pontremoli et Valia Santella. D’un étage à l’autre, parallélismes et enchevêtrements s’opèrent entre les trois histoires.

Le synopsis : Une série d’événements va transformer radicalement l’existence des habitants d’un immeuble romain, dévoilant leur difficulté à être parent, frère ou voisin dans un monde où les rancœurs et la peur semblent avoir eu raison du vivre ensemble. Tandis que les hommes sont prisonniers de leurs entêtements, les femmes tentent, chacune à leur manière, de raccommoder ces vies désunies et de transmettre enfin sereinement un amour que l’on aurait pu croire à jamais disparu…

Le récit est mené avec brio et à chaque étape nous rapproche un peu plus des personnages, non pas forcément pour nous identifier à eux, mais du moins, pour nous faire réfléchir avec eux, faire sentir les choses de la vie comme eux. Telle Eva Husson qui, filmant d’imposants manoirs en un parfait village anglais, mêle le quotidien des domestiques à celui des lords et ladies, Moretti brosse un portrait minutieux d’individus – enfants, adultes, vieillards – qui circulent à la verticale ou à l’horizontale pour traverser les épreuves et les décennies.

La caméra, elle, inscrit un détachement salutaire, parfois crée de l’empathie comme pour la jeune mère fragilisée jouée par Alba Rohrwacher. Il n’y a pas de message, ni dans Mothering Sunday adapté du roman de Graham Swift, ni dans Tre Piani. Il y a juste un déroulé des événements, des faits et actes, des causes et coïncidences.

À côté de Nanni Moretti dans le rôle d’un juge aux principes rigides, on trouve les excellents interprètes Riccardo Scamarcio, Margherita Buy, Alba Rohrwacher, Adriano Giannini, Elena Lietti, Nanni Moretti, Denise Tantucci, Alessandro Sperduti, Anna Bonaiuto, Paolo Graziosi, Tommaso Ragno, Stefano Dionisi.

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