Plus ça (ne) va (pas), plus les allemands adorent leur «Mutti»

D’après les sondages, Angela Merkel pourra viser la majorité absolue lors des prochaines élections législatives en 2017. Est-ce que les allemands auraient perdu la raison ?

Si "Mutti" se présentait sans son parti, la CDU, elle obtiendrait probablement encore plus de voix... Foto: Aleph / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.5

(KL) – «Mutti» est un phénomène. Sans mener une politique qui pourrait satisfaire les allemands, jonglant avec les scandales à répétition, «Mutti» fait un cavalier seul dans les sondages. Avant de s’attaquer à son quatrième mandat, les allemands semblent prêts à lui accorder une majorité absolue lors des prochaines élections en 2017. Les mêmes allemands qui voteraient fidèlement pour «Mutti», seraient incapables de citer cinq mesures ayant amélioré leur quotidien pendant ses trois premiers mandats en tant que chancelière.

Ce n’est pas son parti, la CDU, qui trouve cette approbation des allemands, c’est «Mutti» herself. Car la chancelière, à l’instar de son prédécesseur Helmut Kohl, a toujours su éliminer de potentiels challengers qui auraient pu lui succéder. Les Von Gutenberg, Von der Leyen, Schäuble, Oettinger & Cie. s’en rappelleront…

Dans un sondage mené par l’institut «Emnid», la CDU (dont «Mutti») recueillerait actuellement 43% des votes, ce qui, grâce à la «règle des 5%», suffirait pour obtenir la majorité absolue dans le prochain Bundestag. Le rêve pour Angela Merkel qui, pour une fois, ne devrait même plus composer avec un partenaire de coalition, ni avec le SPD, ni avec le FDP.

Le SPD, lui, arriverait actuellement à 24%, les Verts à 10%. Insuffisant pour inquiéter «Mutti». Die Linke, dernier parti de gauche en Allemagne, arriverait, selon ce sondage, à 9%, tandis que les deux formations libérales, les nationaux-libéraux de l’AfD (3%) et le FDP (4%) louperaient l’entrée au Bundestag. Dans cette constellation, la CDU pourrait donc gouverner seule, un rêve de longue date d’Angela Merkel.

Son comportement intransigeant dans la crise grecque semble lui avoir apporté même de nouvelles sympathies, son implication dans le scandale de surveillance des partenaires européen pour le compte de la NSA, ne lui a pas porté préjudice. Probablement, les allemands lui pardonneraient même un vol armé – rien ne peut ébranler la confiance en une chancelière qui risque d’être celle qui aura détruite la cohésion européenne.

Faut-il envoyer cette moitié des allemands qui votent pour «Mutti» quoi qu’il arrive, chez un psy ? Oui, car en lui laissant un pouvoir presque illimité, les allemands soutiennent cette destruction européenne, se rendent coupable du sort des réfugiés en Méditerranée, approuvent la mise en place d’un système de surveillance et d’espionnage digne de «1984».

L’Allemagne et toute l’Europe doivent s’habituer à l’idée qu’il faudra supporter autant Angela Merkel et sa politique du froid social pendant de longues années encore. Pas vraiment une perspective alléchante. Et personne ne sait comment réveiller ce lectorat de la BILD qui suivra «Mutti» partout où elle va. Même en enfer.

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