Plus de 1.500 à Haguenau !

Un nombre plus important que lors des mobilisations de 2010, pour une manifestation qui s’est déroulée sans heurts dans la quatrième ville d’Alsace, et une population exaspérée par un gouvernement borné.

Un cortège encadré par une intersyndicale très unie, et suivi par un nombre très important de « citoyens lambdas ». Foto: Jn-Mc Claus / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Les chiffres de la préfecture, des cabinets de consulting et de la presse de révérence, ne sont évidemment jamais les mêmes que ceux des organisations à l’origine des manifestations, mais à Haguenau, samedi 11 février, la mobilisation contre le projet de réforme des retraites dépassait largement celles de 2010 qui pour les mêmes raisons, avaient déjà conduit un nombre conséquent d’opposants à défiler dans la rue. A l’époque on observait une importante participations de salariés de l’industrie, mais aussi de lycéens.

Samedi 11 février, ce n’est pas le soleil, mais l’obstination du président de la République, qui a favorisé un rassemblement de plus de 1.500 personnes devant la gare, Place de Désiré Brumbt, se rendant ensuite en cortège, par un large détour place de Neubourg, à la permanence du député Vincent Thiébaut, membre du groupe « Horizons et apparentés (HOR) », qui avait prévu de recevoir une délégation des organisations syndicales. Lorsqu’on se mettait à l’écoute des manifestants, beaucoup ne s’avéraient pas plus syndiqués que politisés, ainsi ne pouvait-on pas les taxer de gauchisme. Mais le mécontentement dépassait la seule réforme de retraites que le gouvernement veut absolument faire passer.

Les milliards de dividendes reversés par les grandes sociétés à leurs actionnaires et le refus du chef de l’État d’entendre ses concitoyens, constituent les deux éléments essentiel d’un cocktail on ne peut plus explosif. « La France n’est plus le pays des Droits de l’Homme, mais celui du bon plaisir d’un seul homme ! », soulignait avec colère une sexagénaire sans calicot comme la plupart des présents. « Femme = maternité carrière hachée pauvreté », affichait une manifestante sur un carton porté à bout de bras. « Ma vie après 60 ans n’est pas négociable », en affirmait une autre sur une pancarte home-made.

Foto: Jn-Mc Claus / CC-BY 2.0

Foto: Jn-Mc Claus / CC-BY 2.0

Les slogans faisaient florès dans le groupe des très nombreux citoyens de tous âges et sans couleurs politiques affichées, encadré par une intersyndicale unie et des policiers, plus préoccupés par la protection du cortège de la circulation automobile environnante que par un éventuel maintien de l’ordre au niveau des manifestants qui s’avérait totalement inutile. Ainsi, comme bien d’autres partout en France, cette manifestation a-t-elle démontré la capacité des citoyens et des organisations syndicales à se mobiliser sans violence.

Lors des prises de paroles devant la Halle aux Houblons, lieu symbolique de prospérité de la ville, Jean-Michel Delaye a listé les multiples réformes des retraites qui depuis trente ans, détruisent notre système par répartition. « Chaque fois, on nous dit que c’est la dernière et chaque fois, il s’en suit une autre ! » pointa-t-il a juste titre. Au nom de l’intersyndicale, le militant CGT a insisté sur la nécessité de poursuivre la mobilisation et d’ici le 7 mars, gagner atelier par atelier, service par service, des collègues pour bloquer le pays.

Un panneau affichant « Un bon retraité est un retraité mort », résume à lui seul le bras de fer se jouant actuellement entre le président et une population envers laquelle il affiche le plus grand mépris. Mais au-delà du slogan, se cache la réalité du système capitaliste, pour lequel un salarié n’a d’intérêt que productif. Malade ou retraité, il doit coûter le moins cher possible en termes de couverture sociale, mais peut néanmoins encore permettre de dégager des bénéfices via des assurances privées. D’où l’acharnement des politiques capitalo-compatibles à détruire l’héritage du Conseil National de la Résistance.

Il y aura un pognon de dingue à se faire avec les officines privées, lorsque nos concitoyens seront privés dans le cadre du service public de l’accès à des soins de qualité, à un système éducatif fiable et à une retraite décente, pour ne citer que ces trois exemples. La ficelle est maintenant tellement grosse que la plupart des gens s’en rendent compte. Or, le président et son quarteron de ministres millionnaires, estiment encore les Français trop bêtes pour l’avoir compris…

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