Plus de paiement en argent liquide ?

Une chaîne de magasins de produits techniques allemande, Gravis, n'accepte plus de l'argent liquide dans ses filiales, mais seulement le paiement par carte. Mais cette « modernisation » pourrait coûter cher à cette chaîne.

Dans les 40 filiales de cette enseigne, le paiement en numéraire n'est plus accepté. Foto: Joehawkins / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Les Allemands, c’est connu, sont toujours accrochés aux paiements avec de l’argent en numéraire. Le paiement par chèque n’a jamais connu le succès comme dans d’autres pays et encore aujourd’hui, 54% des Allemands disent qu’ils veulent garder les billets et pièces comme moyen de paiement. Pour se présenter comme étant à la pointe du progrès, la chaîne « Gravis »  informe maintenant ses clients qu’elle n’accepte plus que les paiements par carte et d’autres moyens électroniques. Outre le fait que cette démarche ne soit pas légale en Allemagne, car la loi veut que tous les moyens de paiement soient acceptés dans les magasins, cette « innovation » pourrait faire en sorte à ce que les gens boudent désormais cette chaîne. Après tout, « Gravis » n’est pas la seule chaîne à proposer des produits techniques.

Depuis le début de la semaine, les 40 filiales de la chaîne informent leur clientèle par le biais d’une affiche que le paiement en numéraire n’est plus accepté. Selon l’entreprise, le pourcentage des clients qui paient encore en numéraire, serait « négligeable ».

Le « tout numérique » est une évolution dangereuse, une étape supplémentaire vers le « citoyen 100% transparent ». Sans la possibilité de payer « en cash », tous les achats, toutes les activités seraient surveillés, enregistrés, les données vendues aux publicitaires, mais ce qui devrait primer, serait le souhait des clients et non pas l’envie des commerçants de tout apprendre sur les clients pour encore mieux vendre leurs produits.

Pour les états, le paiement par carte est du pain bénite. Les citoyens ne pourront plus rien faire sans que les autorités ne soient au courant. Partir en vacances et payer un hôtel ? Acheter certains aliments ? Soutenir quelqu’un financièrement ? L’état saura tout. Envie de donner un sous à un mendiant ou artistes de la rue ? Impossible, à moins que le mendiant dispose d’un terminal de paiement…

Le « tout numérique » déshumanise encore un peu plus nos sociétés, nous transforme en simple cibles publicitaires et nous dévoile entièrement devant ceux qui souhaitent nous contrôler au-delà du raisonnable.

« Ceux qui n’ont rien à cacher, n’ont pas de soucis à se faire », est l’argument-fétiche des adeptes du « tout numérique ». Mais c’est faux. Lors du « putsch » en Turquie en 2015, le gouvernement disposait de listes informatiques des opposants du régime Erdogan, permettant aux agents du gouvernement turc, d’arrêter des dizaines de milliers de personnes pendant les heures qui suivaient le putsch, éradiquant dans les faits, une grande partie de l’opposition turque. Les personnes ainsi arrêtées, n’étaient ni des terroristes, ni des criminels, mais il suffisait d’acheter certains livres et de payer par carte, pour se retrouver sur ces listes.

Ce genre « d’innovation » ne doit pas être considéré le jour où il est décidé, mais il faut s’imaginer ces systèmes entre les mains de politiques malveillants. Pour soutenir ce changement vers le « tout numérique », il faut avoir une confiance illimitée en les autorités. Mais nous sommes en 2023 et le monde politique, que ce soit au niveau local, régional, national ou européen, nous livre quotidiennement de bonnes raisons pour ne pas leur faire confiance.

Le progrès à tout prix peut rapidement s’avérer être non pas un progrès, mais l’abandon de libertés individuelles, pour favoriser la mise en place des modèles de société décrites de manière impressionnante par des auteurs comme Aldous Huxley ou George Orwell.

Désormais, il faudra observer comment réagissent les clients et si ce changement aura des conséquences sur leur comportement. Une fois de plus, les consommateurs disposeraient du pouvoir pour stopper une telle évolution. Il suffit de le faire en allant acheter ses produits techniques ailleurs.

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