Plus de sandwichs pour les routiers…

Les routiers empruntant le ferry entre Douvres et Calais devront désormais finir leurs sandwichs avant d'arriver dans l'UE... Foto: NormanEinstein / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La Grande Bretagne est le berceau du sandwich. Inventé par John Montagu, quatrième compte de Sandwich en 1762, le sandwich compte parmi les mets faisant partie intégrante de la « cuisine britannique ». Garni de jambon, fromage et concombres, le sandwich sert aussi comme nourriture aux routiers britanniques qui conduisent leurs camions vers le continent européen. Du moins, jusqu’au 1er janvier 2021 – sans traité sur le « Brexit », l’importation du sandwich à Calais – sera interdite.

C’est le ministère des transports qui vient de mettre en garde les routiers. Emporter un ou plusieurs sandwichs jambon-fromage sur un tour en Europe, sera désormais interdit. Un transporteur britannique s’attend à des scènes de révolte. « Que Dieu aide ces pauvres douaniers si jamais ils jettent une boite de sandwichs appartenant à un routier », disait-il, « je ne serais pas surpris que ça se terminerait en bagarre… ».

Du coup, en Grande Bretagne, on commence à comprendre ce que « Hard Brexit » veut dire – des changements majeurs dans la vie quotidienne des Britanniques. Il est d’autant plus surprenant de voir comment, à quelques jours de la date fatidique, Boris Johnson continue à se vanter de ce « Brexit » qui déclenchera la plus grande crise britannique depuis la IIe Guerre Mondiale. Le chef du gouvernement britannique semble toujours penser qu’il puisse mettre l’UE sous pression, de pouvoir imposer des choses à l’UE qu’il est incapable de définir. Force est de constater qu’en quatre ans et demi, les British ont seulement réussi à savoir ce qu’ils ne veulent pas (« vivre sous le joug européen »), et en ce qui concerne ce qu’ils veulent, c’est aussi flou (« bénéficier des bienfaits du marché commun, sans en respecter les règles »).

Boris Johnson sacrifie l’avenir et la cohésion du Royaume Uni sur l’autel d’un nationalisme grossier, entraînant le peuple britannique dans une crise sans précédent. Les Britanniques avaient pourtant à deux reprises la possibilité de stopper cette folie, mais ils ont préféré signer un chèque en blanc à celui qui achèvera le travail de destruction mené par David Cameron et Theresa May. Qu’ils ne viennent pas pleurer maintenant. Conseil aux routiers britanniques – quand vous passerez des heures et des jours dans d’interminables bouchons devant la douane à Douvres et à Calais, profitez-en pour manger les sandwichs que vous vouliez emporter sur votre voyage en Europe. Et pendant que vous le mangez, réfléchissez peut-être si vous voulez vraiment continuer à voter pour ceux qui seront responsables de votre misère. Et bon appétit, bien sûr…