Plus fort que la fatalité

« L’essence même de l’aventure, c’est aller bien au-delà de soi, au service de bien plus grand que soi, et finalement de se trouver. » - Loïc Blaise

Le réchauffement climatique, particulièrement visible en Groenland. Foto: courtesy Loïc Blaise / CC-BY-SA 4.0int

(Réd) – Le pilote et explorateur Loïc Blaise vient de rentrer de sa dernière mission de « POLAR KID ». Il est fatigué, en cette après-midi sur une terrasse strasbourgeoise. Quoi de plus normal après cette expédition arctique, une aventure extraordinaire – en 45 jours, avec son coéquipier et copilote, le cosmonaute russe Valery Tokarev, il a bouclé comme premier pilote dans l’histoire de l’aviation le tour aérien du cercle polaire arctique ! Et non, ces aventures, Loïc Blaise ne les vit pas pour la gloire, mais pour plusieurs autres raisons, l’une plus valable que l’autre.

« POLAR KID », c’est une aventure que Loïc Blaise partage avec des personnes atteintes de sclérose en plaques par les réseaux sociaux. Il y a 6 ans, les médecins ont mis un terme à sa carrière de pilote en lui annonçant qu’il ne volerait jamais plus. Le diagnostic était sans appel : sclérose en plaques. Avec une force incroyable, Loïc Blaise lance son combat : il crée les « POLAR KID » et organise des expéditions polaires où il documente la fonte de la banquise. « Le réchauffement climatique est comme une plaque en sclérose, qui doit être combattue sans attendre », dit Loïc Blaise, pour ajouter « et cette année, j’ai pour la première fois l’impression que la fonte des glaces progresse plus vite que ma maladie »

Dans le monde entier, dans des hôpitaux, au chevet des malades,, jeunes, ados et adultes suivent tous les jours l’aventure du « POLAR KID ». C’est un des leurs qui vole dans cet hydravion ultra-léger, qui se bat contre la douleur, la fatigue, ce corps qui ne fonctionne plus comme il devrait. C’est un des leurs. Qui leur parle de ce qu’il vit, de ses peurs (« Ben oui, quand tu regardes dehors et que tu sais qu’en cas de panne, personne ne viendrait pour te secourir, t’as peur. Je ne leur mens pas. Je leur parle de mes moments d’euphorie et de mes moments où ça ne va pas fort. »).

L’autre objectif du « POLAR KID », c’est un cri d’alarme. Survolant ces régions presque tous les ans, Loïc Blaise est un témoin des conséquences désastreuses du réchauffement de la Terre; il les voit, ces glaciers dénudés de ce qui était autrefois la « glace éternelle », ces fissures géantes dans des étendues polaires qui constituaient toujours une plaque massive. Il rencontre les peuples autochtones dont la vie change avec la fonte de la glace. « Ce que l’on perd, chaque jour, qu’il s’agisse des peuples, des oiseaux, des grands glaciers ou de mes jambes, nous ne le retrouverons jamais. Il faut trouver la force de se battre et d’agir, de toute urgence. A chaque écosystème qui disparait, c’est l’humanité entière qui s’enfonce dans l’infirmité. Faut-il être atteint d’une maladie dégénérative ou victime du dérèglement climatique pour comprendre que nous n’avons plus le temps ? Nous avons dès aujourd’hui une obligation non seulement d’action, mais aussi de résultat. »

Pour réaliser ce premier tour polaire en avion, Loïc Blaise a bravé le destin : il était le premier à obtenir pour son projet les autorisations des pays survolés : du jamais vu ! Plus de 23000 kilomètres dans des régions particulièrement inhospitalières, 3 continents, 3 océans et 7 mers pour se battre contre le renoncement, adressant un message d’espoir aux malades et au monde entier. Et ce message mérite d’être partagé par le monde entier : « Même dans les pires situations, on peut et doit œuvrer pour l’avenir ». Reçu 5/5, Monsieur Blaise !

www.polarkid.org

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