Plus vert que vert

A l’occasion de l’élection européenne, l’intégralité du monde politique (ré-)découvre son âme verte. Mais ne vous inquiétez pas, cela s’arrêtera pile le 26 Mai au soir après l’annonce des résultats de ce scrutin…

Jusqu'au 26 Mai, tout le monde est plus vert que vert. Après, on vote à nouveau pour le glyphosate... Foto: Valtlai / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Ah, les changements climatiques. La terre se réchauffe, la banquise aux pôles fond, les animaux disparaissent, les décès et maladies liés à la pollution de l’environnement augmentent de manière spectaculaire. Tous ces phénomènes sont liés à une façon d’organiser nos sociétés, une façon uniquement axée sur la maximisation des bénéfices financiers des propriétaires des grandes structures industrielles. Mais, voilà la bonne nouvelle, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche – tout le monde promet de s’attaquer au sauvetage de la planète. Du moins, jusqu’au 26 mai. Après, on se remet à autoriser des produits comme le glyphosate.

Que c’est rassurant de savoir que l’intégralité du monde politique partage nos soucis concernant un monde qui s’autodétruit chaque jour un peu plus ! Au fond, la totalité des candidat.e.s à l’élection européenne s’est découvert une âme verte. Comprendre : ils pensent comme nous. Comprendre : ils feront tout pour initier un changement de la politique. Et maintenant, on ferme les yeux et on y croit très, très fort.

Ce qui est frustrant, c’est de savoir que dès que l’élection sera terminée, les mêmes responsables politiques continueront à faire ce qu’ils ont toujours fait – faciliter la vie au « Big Business », soutenu par 25000 lobbyistes bruxellois qui guident la main des responsables à la Commission et au Parlement.

Il suffit de comparer les investissements dans le secteur banquier et dans la transition énergétique. Pendant la dernière mandature européenne, les banques se sont vues gratifier de 1000 milliards d’euros, prétendument pour assurer la stabilité du secteur banquier, mais en réalité, il s’agissait de combler les pertes contractées par des spéculations hasardeuses. « Too big to fail », voilà un slogan qui ne s’applique qu’à l’avenir du secteur banquier, mais non pas à l’avenir de la planète.

Mais ne parlons pas de ces choses négatives, surtout pas à un moment où tout le monde est d’accord : « Nous allons sauver le monde ! ». Au vu de la dégradation environnementale des dernières années, il est fort plaisant de voir le monde politique s’activer sur le dossier. On préparera de nouveaux traités, des accords internationaux, des lettres d’intention, et le tout pour sauver l’environnement ! Sauf dans les rares cas où des intérêts économiques s’opposent aux intérêts écologiques. Dans ces cas, bien entendu, on va préférer l’emploi à l’environnement – au lieu de développer une « industrie verte ».

C’est un peu le bal des menteurs actuellement. Les promesses de s’engager pour l’environnement ne seront valables, pour la plupart des candidat.e.s, que jusqu’au 26 Mai. Après, ce sera « business as usual ». Dans l’intérêt des « marchés ». Et si ces « marchés » agissaient non pas dans l’intérêt public, mais uniquement pour pouvoir verser des dividendes aux actionnaires et des salaires faramineux aux dirigeants de ces entreprises ?

Prenons le temps pour étudier les programmes des différentes listes, partis et initiatives politiques. Regardons qui nous propose un véritable programme visant le maintien de notre environnement et de la planète tout court. Nous avons le choix, et personne ne nous oblige à voter encore et toujours pour ceux qui sont responsables de cette dégradation. Nous avons encore le choix, mais il ne reste presque plus de temps – le 26 Mai, ne nous trompons pas ! D’ici là, tout le monde sera plus vert que vert.

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