Pologne : des milliards en plus pour la désinformation

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(Marc Chaudeur) – En Pologne, l’élection présidentielle aura lieu en mai. Vite, des sous, toujours plus de sous pour la TVP et les médias au service du pouvoir national-populiste ! Majoritaire au Parlement, le PiS a donc fait passer une augmentation du financement public pour les journalistes-paillassons et la télé-croupion.

En janvier 2019, le maire centriste de la ville de Gdansk, Paweł Adamowicz, a été assassiné lors d’une cérémonie festive. L’assassin était apparemment un homme qui ne jouissait pas de toutes ses facultés mentales, ni du reste non plus, d’ailleurs. Quelques jours avant sa mort, Adamowicz, membre éminent de la Plateforme d’opposition, avait reçu un avis mortuaire avec sa photographie. Une menace directe, bien qu’anonyme. Quels rapports avec les médias de masse ? C’est qu’immédiatement après le décès du maire, de nombreuses personnalités de l’opposition démocratique – et beaucoup de Polonais non actifs politiquement – ont porté contre le PiS et ses médias stipendiés l’accusation de semer sans cesse une atmosphère de violence (le plus souvent nominale) contre tout ce qui n’était pas PiS – du moins envers tout ce qui se situait à la gauche du parti au pouvoir.

Une accusation justifiée, incontestablement. Et l’année qui a suivi ce crime, on aurait pu penser qu’après un événement aussi grave, aussi tragique, la télé du pouvoir changerait, même légèrement, d’attitude. Eh bien non ; nullement.

Les bulletins d’information de la chaîne du pouvoir, à savoir les actualités,Wiadomości, sur la TVP, suivies massivement par la population polonaise, suivent toujours le même schéma : « infos » sur les activités (ou les passivités) du PiS ; rappel des cadeaux octroyés par le pouvoir aux citoyens ; et critiques à la fois agressives et persifleuses des personnalités de la Plateforme d’opposition. Mais aussi de tous ceux qui n’obéissent pas aux conformismes acceptés, c’est-à-dire les minorités ethniques ou sexuelles.

Une propagande efficace, apparemment : en automne dernier, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe a protesté contre cette propagande massive qui a manifestement influencé et plus qu’influencé les résultats des élections législatives. La TVP a donc fait ses preuves : pour le PiS, il faut en conséquence renforcer me merveilleux outil d’influence et de désinformation.

Autour du 15 février dernier, le PiS a dont fait passer une augmentation considérable du budget alloué à ses médias : 470 millions ! Une proposition qui pouvait difficilement être refusée, puisque le PiS est majoritaire à la chambre basse du Parlement (le Sejm). L’opposition avait demandé que cette somme considérable (2 milliards de zloty) soit consacrée plutôt à la lutte contre le cancer. Deux milliards de zloty pour la Santé publique contre 2 milliards pour la propagande populiste. Mais rien n’y fit.

Pour comble d’arrogance et de vulgarité, une députée du PiS, Joanna Lichocka, lors d’une session du Parlement, a présenté un doigt d’honneur aux représentants de l’Opposition en les traitant de vilains jaloux. Vous ne pouvez admettre que les médias ne soient pas sous la coupe de vos partis !, a-t-elle beuglé en substance.

Joanna Lichocka, retenez bien ce nom : c’est une démago-populiste qui ira loin. Certes, elle a prétendu ensuite avoir utilisé son majeur pour se gratter le nez (qu’en effet, elle ne mouche sans doute pas suffisamment). Mais non : les images et une vidéo montrent bien et sans ambigüité  son intention. En tout cas, l’issue des présidentielles de mai prochain ne fait guère de doute. Hélas, hélas, hélas.

A lire : https://oko.press/ , Notes from Poland https://notesfrompoland.com/

et l’excellent Courrier d’Europe Centrale https://courrierdeuropecentrale.fr/