Pologne : La charrue dans les primevères

Wiosna se recentre

Charrue Foto: Jebulon/Wikimédia Commons/CC-BY-SA PD

(Marc Chaudeur) – Irritation dans les champs : le parti agrarien PSL, conservateur et catholique, veut dropper le ballon Wiosna à babord, hors de la Coalition centriste. Après la demande de Robert Biedroń de s’allier à la Plateforme Civique de centre-droit, le PSL ne se sent plus très bien. L’enjeu principal, ce sont les législatives de l’automne prochain et la défaite de PiS, enfin.

Comme le relate ces derniers jours l’excellente Gazeta Wyborcza, Robert Biedron et son parti, le fameux Wiosna (Printemps), ont rendu publique la semaine dernière leur demande de rejoindre les rangs de la Coalition européenne – autour de la Plateforme Civique, la principale formation d’opposition au PiS, le parti national-populiste au pouvoir depuis 2015.

Curieusement, le Parti paysan polonais estime que Wiosna n’a pas sa place dans une coalition de partis centristes : le PSL le considère comme un parti de gauche. Il renvoie donc Biedroń à ses petits camarades, ceux des petits partis qui ont fait équipe lors des dernières élections européennes, le 26 mai. Certes, Wiosna défend une politique audacieusement pro-LGBT, ouverte tous azimuths et activement anticléricale. Pourtant, le projet et l‘identité politico-économique de ce petit parti pose problème . De gauche ? En réalité, il présente les caractéristiques parfois peu engageantes de ce qu’on a coutume de nommer un parti « centriste « : une oscillation et une incertitude permanentes entre social-libéralisme et libéralisme intégral, une interrogation quant à la présence d’une colonne vertébrale au dos de cet animal…

La situation polonaise ressemble fort à un embrouillaminis inextricable : d’une part, un parti de la droite conservatrice, le Parti paysan, qui réclame à cor et à cri de demeurer bien au chaud entre partis centristes. D’autre part, un petit parti… centriste, Wiosna, qui faible de ses mauvais résultats aux Européennes (6 % seulement!) désire donner de la consistance et de la résonance à sa formation en tournant le dos à bon nombre de partis de gauche, ceux qui composent LR, en français Gauche ensemble.

Les arguments du PS, selon la Gazeta Wyborcza : la Coalition formée lors des Européennes, où on pouvait curieusement voir le SLD, parti de centre-gauche, et les Zielony (écologistes progressistes), expliquerait selon lui les mauvais résultats de cette Coalition et sa défaite face au PiS. Il est vrai que la KE faisait un peu désordre, et ce serait encore bien pire si on trouvait réunis des catholiques traditionnels et un parti qui défend les homosexuels et bombarde en piqué le clergé (surtout  le clergé pédophile…). Ce n’est pas sérieux ; ce n’est pas crédible aux yeux des électeurs…

Une certaine confusion entache donc l’activité des opposants principaux de PiS. Faut-il alors absolument deux coalitions très reconnaissables et distinctives ? L’avantage à cela, ce serait que l’’électeur ne se sentirait pas floué, et aurait l’impression de faire un choix clair et net. L’inconvénient, ce serait la division – face à un PiS qui continue à faire d’excellents scores, et qui malgré tout, est le grand vainqueur des Européennes.

Agrariens ou centristes libéraux « de gauche », il faut choisir, prétend ainsi Waldemar Pawlak, du Parti paysan, qui fut Premier ministre naguère. Les paysans catholiques ne voteront pas pour Wiosna, et les jeunes geeks branchés de Wiosna ne voteront pas DSL.

Suite au prochain numéro. Cet suspens insoutenable prendra sans doute fin au cours de cette semaine.

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