Pologne : victoire du candidat progressiste

Gdansk et les grandes villes aux mains de l’opposition démocratique

Pawel Adamowicz, élu pour la 6eme fois Maire de Gdansk Foto: Rudolf H. Boettcher / Wikimédia Commons / CC-BY-SA 4.0Int

(MC) – Il a fallu attendre le second tour des élections municipales pour que le centre droit oppositionnel emporte la mairie de Gdańsk contre le parti national-populiste au pouvoir, PiS (Droit et Justice). C’est une grande victoire de la démocratie – bien que la Plateforme Civique ait payé le prix de la division…

Paweł Adamowicz est donc devenu maire de Gdańsk, 580 000 habitants, pour son 6eme mandat ! Ce maire très apprécié par ses administrés a battu à plate couture son concurrent du PiS, un candidat pourtant potentiellement redoutable, avec 65 % des suffrages. Kacper Płażyński, en effet, plutôt charismatique, est aussi le fils d’un des fondateurs de la Plateforme, mort lors du crash de Smolensk qui a envoyé ad patres les principales personnalités politiques polonaises, en avril 2010.

Adamowicz eût facilement pu l’emporter sur son adversaire populiste dès le premier tout. Mais voilà : la Plateforme avait tenu à présenter Jarosław Wałęsa, le fils du célèbre Lech. Et Adamowicz avait maintenu sa candidature ! Le soutien de la Plateforme lui a donc été retiré. Un bien mauvais calcul pour le parti de centre-droit, dont il faut espérer qu’il n’entraînera pas de conséquences trop fâcheuses…

« Gdańsk sera une ville ouverte et tolérante ! » a proclamé Adamowicz à l’issue du scrutin. Cette remarquable personnalité de centre-droit, de manière étonnante et un peu inhabituelle (mais l’évolution récente de la Pologne, très inquiétante, l’explique), se montre de plus en plus progressiste.

Paweł Adamowicz, certes, a fait l’objet de poursuites pour dissimulation de patrimoine ; voici 3 ans, pour ce motif, il a même été suspendu de la Plateforme civique. Mais cela n’a nullement empêché sa réélection : cela prouve la puissance des idées d’opposition dans les métropoles de Pologne.

Il a été l’un des éléments moteurs, en juin 2017, de la Déclaration de Gdańsk, où 11 maires de grandes villes polonaises réagissaient contre la politique anti-humaniste et discriminatoire du PiS en considérant qu’ « ensemble, nous développerons une culture adéquate d’accueil des migrants, ce qui aidera au développement de nos villes, à les rendre plus innovantes et plus compétitives. » Au mois d’avril dernier, Adamowicz a demandé la dissolution de l’ONR (Obóz Narodowo-Radykalny, Camp national-radical), l’un des principaux groupuscules fascistes du pays, à la suite d’un défilé para-militaire dans les rues de Gdańsk. Le maire est aussi un rempart contre l’homophobie du PiS. Et depuis l’accession au pouvoir de ce dernier en 2015 , il essaie de préserver une mémoire historique sensée, précise et nuancée contre sa reconstruction nationaliste, notamment contre le directeur du musée de la Seconde Guerre mondiale.

Par ailleurs, les 2 autres grandes villes où se tenait un second tour des élections locales et régionales, Cracovie et Kielce, sont elles aussi revenues à l’opposition démocratique.Toutes les grandes villes du pays sont donc aux mains de l’opposition. Mais il est vrai que ces villes ne représentent qu’à peine 20 % des 35 millions d’électeurs que compte la Pologne, très marquée par la ruralité…

 

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