Pour le climat, on repassera…

A Berlin, un référendum sur la neutralité climatique de la capitale allemande à l'horizon 2030 a échoué. Visiblement, le sujet n'a pas mobilisé l'électorat berlinois.

Etrange - malgré les nombreuses manifestations pour le climat, les Berlinois n'ont pas voté pour la neutralité climatique de leur ville. Foto: Martin Heinlein / Die Linke / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – 2,4 millions de Berlinois étaient appelés aux urnes dimanche pour s’exprimer sur la proposition de transformer la capitale allemande en une métropole neutre au niveau climatique à l’horizon 2030. La faible participation (35,8%) a fait que malgré une courte avance des « oui », le quorum n’était pas atteint et la proposition est donc rejetée. La déception est grande chez ceux qui voulaient transformer Berlin en un exemple dans la protection du climat, car parmi ceux qui ont effectivement mis leur bulletin dans les urnes, seulement 50,9% étaient favorables à cette proposition qui par ailleurs, était rejetée par 48,7% des votants.

Pour que ce référendum puisse aboutir, il aurait fallu que 25% des inscrits s’expriment en faveur de la proposition, ce qui n’était pas le cas. Si 442.210 personnes avaient voté en faveur de la neutralité climatique, il aurait fallu 608.000 votes et là, nous sommes loin du compte.

Comment interpréter ce résultat qui constitue un désaveu pour ceux qui souhaitent sauver le climat ? D’abord, les Berlinois sont fatigués des nombreux scrutins des derniers mois et il n’avaient visiblement pas trop envie de se déplacer dans les bureaux de vote dimanche. Après, la protection du climat semble être un sujet qui concerne surtout les jeunes qui vivent dans des conditions relativement aisées. Ainsi, le « oui » l’a remporté dans les arrondissements du centre-ville berlinois et dans les arrondissements où vivent principalement des jeunes professionnels, comme à Prenzlauer Berg ou à Kreuzberg. Dans les quartiers populaires à la périphérie de Berlin, c’est le « non » qui était majoritaire.

Les multiples crises actuelles ont relégué la question du climat à une place moins importante dans la perception de la population. Aujourd’hui, les gens se soucient de l’inflation galopante, du pouvoir d’achat qui fond comme neige au soleil, de la guerre en Ukraine et de la corruption omniprésente. Pour le climat, on repassera. Pourtant, après la publication du dernier rapport du GIEC, ont sait que l’urgence climatique risque de nous attraper rapidement et les gens s’en rendront compte quand il sera trop tard. Le réchauffement climatique avance aussi rapidement que l’inflation et les Berlinois ont loupé une occasion en or de forcer leurs politiques de respecter la protection du climat dans les projets qu’ils mènent.

Les « Fridays for Future » et d’autres organisations se sont montrés choqués dimanche soir, lorsque les résultats étaient publiés. Outre la faible participation, les responsables de ces organisations étaient particulièrement surpris par le score du « non » qui se situe quasiment au même niveau que le « oui ». Clairement, pour les deux tiers de la population, la question de la protection du climat n’est pas prioritaire et cela veut dire que les écologistes doivent changer de stratégie. Mais comment agir de manière plus pédagogique lorsque l’attention des gens est tournée vers d’autres sujets ?

C’est la protection du climat qui a essuyé une défaite dimanche à Berlin et c’est dommage. La ville-état aurait pu devenir une référence mondiale en la matière, mais il n’en sera rien. Et pendant ce temps, les cadors des partis politiques négocient encore et toujours en vue de former une nouvelle coalition. Rien ne va plus à Berlin et considérant qu’une capitale est toujours la vitrine d’un pays, la situation dans la capitale est inquiétante. Ce référendum, Berlin risque de le regretter ultérieurement.

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