«Pour moi, Strasbourg est l’unique ‘Single Seat’ du Parlement Européen»
L'eurodéputé du «Parti de la Famille» Arne Gericke se fait fort pour un siège unique du Parlement Européen – non pas à Bruxelles, mais à Strasbourg.
L'Eurodéputé Arne Gericke est aussi peu connu que son parti (Parti de la Famillie) - mais en ce qui concerne Strasbourg, il a raison. Foto: (c) Familien Partei Deutschlands
(KL) – Vous connaissez l’eurodéputé Arne Gericke ? Probablement pas. Et vous ne connaissez certainement pas non plus son parti, le «Parti de la famille». Peu étonnant, puisque ce mini-parti n’a obtenu que 0,7% des votes allemands (202 871 votes, pour être exact) lors des élections européennes, mais cela suffisait pour décrocher un siège au PE. Arne Gericke vient de publier une prise de position concernant la question du siège du PE – et Strasbourg vient de gagner un défenseur de sa cause. Avec un raisonnement intelligent et encourageant.
«Il faut en finir avec ce ‘cirque itinérant’ onéreux et hostiles aux familles», dit Arne Gericke, pour arriver à une toute autre conclusion que ses collègues, majoritairement britanniques, qui aimeraient voir le Parlement s’installer et en dépit des traités, à Bruxelles. Pour lui, il ne peut y avoir qu’un lieu convenable pour le Parlement Européen et c’est Strasbourg.
«Je suis entré au Parlement pour lutter contre le centralisme européen, la bureaucratie et les lobbys opaques», déclare Gericke, «et nous y arriverons plus facilement si le Parlement Européen quittait Bruxelles, la capitale des lobbys et de la bureaucratie !» L’eurodéputé originaire de Rostock a une vue particulière sur Strasbourg – «Strasbourg représente l’Europe des Citoyens. Le contrôle de la bureaucratie bruxelleoise serait facilité si nous ne nous trouvions pas au cœur de ce monstre…»
Bravo !, a-t-on envie de dire et pourvu que des McMillan-Scott ou Farage l’entendent. «Strasbourg est synonyme du Droit et de la Paix ; déjà aujourd’hui, des institutions comme la Cour Européenne des Droits de l’Homme y siègent». Si Arne Gericke ne représente qu’un tout petit parti (dont les résultats aux élections régionales oscillent entre 0,0 et 1,5% des votes), sa prise de position est courageuse. Car il se confronte à d’autres eurodéputés qui eux, savent très bien pourquoi ils cherchent cette proximité avec les groupes de lobbying qui, à Bruxelles, font partie du paysage comme les moules-frites.
Enfin un eurodéputé ayant le courage de dénoncer la «corruption institutionnalisée» qui bat de son plein dans la capitale belge. On sait que de nombreux textes de loi traités à la Commission sont directement issus de la plume des lobbyistes. On sait, grâce aux publication de l’ancien eurodéputé autrichien Hans Peter Martin , que les eurodéputés reçoivent presque quotidiennement des «propositions indécentes» de la part des lobbyistes (qui, selon ses publications, s’élèvent en moyenne à des propositions d’une valeur de 65 000 € par an, sous forme d’argent, de voyages, de cadeaux et même sous forme de massages thais…). Et on sait que tout cela n’existe pas à Strasbourg où les lobbyistes ne bénéficient pas, contrairement à Bruxelles, d’un statut officiel. Enfin un eurodéputé ayant le courage de dénoncer cet état des choses.
Gericke avance aussi des raisons pratiques pour le «single seat» à Strasbourg. «Le bâtiment du Parlement à Bruxelles a été construit comme Centre de Conférences et la sécurité laisse à désirer. En 2014, 50 Kurdes avaient réussi facilement à entrer dans le bâtiment – heureusement qu’ils voulaient parler et non pas tirer…».
Pour faire valoir sa position, Arne Gericke a envoyé une lettre au Président Hollande, à la chancelière Angela Merkel, au maire de Strasbourg Roland Ries ainsi qu’au Ministre-Président du Bade-Wurtemberg Winfried Kretschmann. Dans cette lettre, il écrit «Un Parlement Européen avec un siège fixe dans le Rhin Supérieur est dans l’intérêt de toute la région. Nous devrions nous engager, ensemble avec les Français, pour cette solution – et terminer ce cirque itinérant là où il a commencé – à Strasbourg». Toutefois, il souligne que «c’est aux Français de rendre ce siège unique à Strasbourg attractif et d’établir un modèle pour un déménagement définitif à Strasbourg». A bon entendeur…
Merci à Kai Littmann (relayant l’eurodéputé A. Gericke), Alexis Lehmann, Alain Howiller, pour les rappels diffusés hier et ce matin à propos de Strasbourg, berceau non seulement de l’Europe, mais aussi de son urgente résilience et de son rebond constant. Nous croyons en effet qu’au-delà des sites et des budgets, comme le montrent les événements de ces dernières semaines et journées, l’Europe est d’abord et toujours une tournure d’esprit, une culture de l’espérance, une aventure solidaire. A ce titre, Strasbourg forme l’un de ses « cadrans solaires » pour reprendre une définition présente au « Lieu d’Europe », donc un solide foyer de pensée, d’accueil, d’audace, fondé par et pour les « pierres vives » qu’est chaque être humain d’après l’humaniste Rabelais !