Pour une Banque européenne du Climat

Faute de partir à point, il faut courir

Le jeu du Lièvre et de la Tortue, version tchèque Foto: FH / Wikimédia Commons / CC-BY-SA 1.0Gen

(Marc Chaudeur) – Voilà une création qui serait parfaitement utile, et qui justifierait l’emploi d’un certain somme respectable, de quelques milliards de dollars ! Un économiste et un climatologue prennent le taureau par les cornes et proposent la fondation d’une Banque qui aurait pour but de lutter contre le dérèglement du climat. Une façon de rappeler que l’un des rôles essentiels de l’UE, c’est aussi la préservation de notre environnement…

Tout doit être prêt pour les 21 et 22 mars prochains. Le temps presse ; pour la défense du climat fort menacé., mais aussi pour la présentation par Pierre Larrouturou et Jean Jouzel de leur Plan Finance Climat. L’économiste fondateur de Nouvelle Donne et le climatologue ancien vice- président du GIEC sont très actifs ces dernières semaines : il faut absolument que leur Plan passe la rampe.

L’idée d’un pacte européen du climat est née en 2012 avec le Collectif Roosevelt, qui soumettait aux autorités 15 propositions de réformes. Parmi les personnalités membres de ce Collectif : Michel Rocard et Egdar Morin. Mais c’est en 2016 que les deux compères se lancent concrètement dans cette bataille et y consacrent tous leurs efforts conjugués.

Larrouturou et Jouzel partent de la constatation qu’en 2008, la BCE (Banque Centrale Européenne) a réussi à réunir plus de 1000 milliards d’euros pour sauver la planète de la crise, en renforçant le système bancaire européen.Dans ce cas, on peut aussi bien consacrer de telles sommes au sauvetage du climat, n’est-ce pas… Et puis : en 1989, Kohl et Mitterrand ont créé ensemble la BERD , afin de permettre la bonne transition des ex-pays « socialistes » vers l’économie libérale ; cette opération a été possible en quelques mois. Mieux encore : la BCE soutient actuellement la croissance en Europe avec plus de 2 milliards et demi d’euros – mais on sait qu’une somme minime seulement (environ 10 % !) de cette somme est injectée dans l’économie réelle. Le reste sert d’aliment à la spéculation financière.

Alors, pourquoi ne pas utiliser de telles sommes à la défense du climat ? Mais comment faire ? Ce n’est pas un hasard si le rapport de l’hiver 2017 de la Cour des Comptes européenne presse les décideurs à … décider : les « plans » se succèdent, sans que personne n’y mette jamais les moyens ! La Cour des Comptes a donc demandé aux Etats membres de l’UE de consacrer, ensemble, 1 milliard 115 millions d’euros par an dans la lutte pour le climat.

C’est dans ce contexte que Larrouturou et Jouzet proposent deux leviers . Le premier :une banque européenne du climat qui, en utilisant les liquidités susdites, accordera des prêts à 0% aux pays signataires. Larrouturou propose une enveloppe annuelle, pour chaque Etat, de 2% de son PIB sur 30 ans : c’est-à-dire environ 45 milliards d’euros annuels pour la France. Un an suffit, affirme l’économiste, pour mettre cette banque sur pieds.

Second levier, la création d’un budget européen du climat, 100 milliards d’euros chaque année, décliné comme suit : une sorte de Plan Marshall pour l’Afrique (40 milliards), 10 milliards pour un projet de recherche, 50 milliards pour lutter contre le dérèglement climatique dans les entreprises et dans la vie quotidienne individuelle. Où trouvera-t-on ces 100 milliards annuels ? Larrouturou s’en prend à la concurrence fiscale entre les Etats européens, qui en une quarantaine d’années, a réduit de moitié les taux moyens d‘imposition sur les bénéfices. Les actionnaires font des bénéfices extraordinaires, environ 320 milliards en 2018, mais la taxation, elle, est extraordinairement basse. Particulièrement en Europe, contrairement à ce qu’on pourrait croire : 19 % en Europe ; aux Etats-Unis, 38 % aujourd’hui, et après la réforme que mijote Trump, 24 % tout de même… Par conséquent, les deux complices proposent une taxe européenne de 5 % en moyenne pour le climat. Intéressant, non ?

Cet impôt supplémentaire est-il acceptable par le Parlement et la Commission Européens ? Larrouturou fait remarquer que même en l’absence d’une unanimité (aucune chance de se réaliser!), le mécanisme qu’on appelle coopération renforcée (voir l’article 20 du Traité sur l’Union Européenne) permettra(it) d’atteindre le but, même si seulement 12 Etats signaient le traité.

Vite ! Il est temps ! Très curieusement, les dirigeants européens s’entendent pour constater que l’Europe doit impérativement s’accorder pour mettre en œuvre un projet commun, sous peine d’asphyxie identitaire et d’entropie. Le Plan Finance Climat devait être débattu à la mi-décembre devant le Conseil européen, mais on n’y a débattu que de ce fichu Brexit…

Mais le Conseil se réunira les 21 et 22 Mars prochain. C’est le moment ou jamais ! Deux mois avant les élections européennes, et à temps pour sauver du climat ce qui peut encore l’être.

500 personnalités « importantes » soutiennent ce projet. Pierre Larrouturou et Jean Jouzet font aussi appel à tous les citoyens européens pour qu’ils s’engagent avec eux (https://interpellation.pacte-climat.eu)   dans la défense du climat qui sera celui de nos petits-enfants.

Un projet admirable, très concret et conséquent. Il est temps, chers concitoyens européens !

 

 

 

 

 

 

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