Pour une fois, ce n’est pas la faute à Angela Merkel
Paris, Bruxelles, Lahore – le terrorisme est omniprésent et resssenti comme une menace individuelle et collective. Les analyses sur les raisons de cette spirale de la violence divergent.

(KL) – Pour Bart De Wever, le maire d’Anvers et membre du NVA, le parti séparatiste flamand, les choses sont claires. «Angela Merkel a commis une erreur historique», a-t-il déclaré, faisant allusion à la politique en matière de réfugiés. Mais Bart De Wever se trompe – le phénomène du terrorisme et l’accueil de réfugiés sont deux sujets différents qui ne sont liés qu’indirectement. Les terroristes de Paris et de Bruxelles sont des enfants de nos cités où nous payons aujourd’hui le prix de la «ghettoïsation» dans les banlieues après avoir échoué dans l’intégration de la deuxième et troisième génération d’immigrés. Les terroristes ne sont pas des réfugiés et l’amalgame actuellement fait entre «terroristes» et «réfugiés» est inadmissible.
Certains politiques, majoritairement issus de l’extrême-droite nationaliste, tentent de bénéficier de ces tragédies pour faire la promotion de leurs formations et idées respectives, tout en mélangeant les sujets comme cela les arrange. Comme Beata Szydlo, la première ministre polonaise qui annonçait à Pâques qu’elle ne voulait plus accueillir des réfugiés en Pologne suite à ce qui s’était passé à Bruxelles.
L’Europe serait moins fragile si elle s’était comporté de manière plus solidaire depuis le début de l’afflux massif des réfugiés au mois d’août l’année dernière. Mais suite à ses erreurs d’une politique d’austérité qui a conduit l’Europe dans une crise économique énorme, Angela Merkel a vu juste en accueillant plus d’un million de réfugiés. Ce ne sont pas des considérations froides et presque cynique concernant le marché de l’emploi qui ont motivé Angela Merkel a agir spontanément, de manière humaniste et sans mettre l’égoïsme national au centre de ces actions.
Ce sont les eurosceptiques et les eurohostiles qui nous fragilisent en ces moments de choc, car le manque de solidarité se manifeste dans l’incapacité de donner une réponse «européenne» à ce qui se passe autour de nous.
Une telle «réaction européenne» ne doit surtout pas se limiter à une meilleure coopération des services secrets qu’il convient de regarder avec une certaine méfiance. Sans politique sociale et sans politique de développement communes, l’Europe ne pourra pas faire plus que mettre des pansements sur des plaies, sans toutefois commencer à réparer les erreurs du passé.
Bien sûr, il faut réagit aux menaces concrètes, à l’existence de ces «mondes parallèles» dans des quartiers trop longtemps abandonnés, bien sûr qu’il faille le faire au niveau européen et en étroite concertation, mais il ne faut pas s’arrêter là. A quand une politique sociale commune ? A quand une politique d’éducation commune ? A quand une politique de développement commune ?
Angela Merkel, bien seule ces jours-ci, aura fait son possible. L’Europe l’a rejeté, comme son parti est en train de le faire en Allemagne. Cela pourrait être une tragédie historique – après avoir presque ruiné l’Europe, Angela Merkel a failli sauver les valeurs européennes, avant d’échouer. Mais si elle devait réellement échouer – qui prendra la relève ?
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