Pourquoi est-ce que l’Europe veut achever la Grèce ?

Après avoir effectué toutes les coupures sociales que l’UE a imposées à la Grèce, Alexis Tsipras souhaite relancer l’état social. Et l’UE réagit comme s’il avait été pris la main dans le sac.

Alexis Tsipras vs. Angela Merkel - dommage que ce soit toujours Merkel qui ait le dernier mot... Foto: Coentor / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – La Grèce avait un peu disparue des écrans, l’actualité du Moyen et Proche Orient avait caché ce qui se passait en Grèce. Depuis cet été, le gouvernement d’Alexis Tsipras a effectivement réussi à réaliser les objectifs définis par les créanciers, en opérant des coupures dramatiques dans le réseau social, en baissant les salaires des fonctionnaires, en vendant tout ce qui rapporte encore de l’argent en Grèce. En échange, les créanciers avaient fait un geste « généreux », en prolongeant de nombreux crédits et en baissant légèrement des taux d’intérêts. Tout ça pour ça.

Maintenant que la Grèce ait rempli les exigences des créanciers, Alexis Tsipras souhaitait relancer l’état social en Grèce, en accordant une « prime de Noël » allant jusqu’à 800 € aux retraités les plus durement touchés et en baissant le taux de TVA pour les îles où le plus grand nombre de réfugiés arrive, ces réfugiés dont l’UE ne veut pas. Ce « paquet social » pourrait coûter 600 millions d’euros destinés à alléger un peu la vie de ceux qui ont été le plus affectés par la crise grecque. Mais l’Union Européenne dit « oxi » aux plans du premier ministre grecque et en vue des efforts fournis par la Grèce, on pourrait presque croire qu’il s’agit d’une manœuvre politique pour discréditer un gouvernement de gauche.

La Grèce a réalisé un excédent brut de son PIB de plus de 0,5% – le seuil imposé par les créanciers et en principe, impossible à réaliser. Mais Alexis Tsipras est en train de réussir ce pari fou – remettre la Grèce sur les rails après que les gouvernements précédents avaient ruiné le pays, sans que l’UE ne s’inquiète outre mesure. Mais un gouvernement de gauche qui réussit à assainir le pays ?

« Tout un chacun doit reconnaître les sacrifices faits par la Grèce », a déclaré Alexis Tsipras et il a raison. Dans une situation où tous les jours, les réfugiés continuent à affluer sur les îles, où le pays doit fournir des efforts exceptionnels pour redresser la barre, où on ne parle pas de réduction de la dette ou du remboursement des crédits forcés et imposés par l’occupant nazi en 1942 – le « paquet social » que Tsipras voulait accorder aux retraités et aux îles, n’aurait pas été du luxe. En plus, en accordant une telle « prime de Noël » aux plus démunis, Tsipras aurait pu donner un coup de pouce à la consommation et ainsi, contribuer à stabiliser la reprise de la conjoncture. Mais non, la réaction européenne – la menace de revenir sur les « allègements » de la dette grecque.

Il est difficile de ne pas penser que l’Europe voudrait bien voir le gouvernement Tsipras échouer. Visiblement, l’Union Européenne avait préféré commercer avec les Samaras ou encore Karamanlis qui eux, n’avaient rien fait pour relancer la Grèce. Alexis Tsipras, lui, qui doit faire subir des économies substantielles à son peuple, se fait désavouer à chaque occasion.

L’Europe, incapable de se montrer solidaire avec les pays qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés de par leur situation géographique, se comporte une nouvelle fois en donneur de leçons. Les « mesures d’allègement » ont été gelées. A quelques jours des fêtes de Noël, il aurait été surprenant si l’Europe s’était montrée généreuse pour une fois. Les 1,6 millions de retraités grecs y penseront lors des prochaines élections européennes en 2019. Pourvu que d’autres y penseront aussi.

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