Pourquoi les Allemands fêtent le 3 Octobre

Après la chute du Mur de Berlin, il fallait attendre presque toute une année avant que la RDA a pu adhérer à la RFA. C’était le 3 octobre 1990...

Il y a presque un quart de siècle, le Mur de Berlin tombait. Rien n'arrête la liberté. Foto: Yann Forget / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Mais pourquoi est-ce que les Allemands ont fixé leur fête nationale le 3 octobre ? La chute du Mur de Berlin avait bien lieu le 9 novembre 1989, non ? Si. Mais suite à la chute du Mur, il fallait presque un an pour organiser les modalités de l’unification allemande qui dépendait, avant tout, du bon vouloir des Alliées, donc des Russes, des Américains, des Anglais et des Français. Le 3 octobre 1990, dans le cadre d’une séance historique au Bundestag à Bonn, les élus ont voté l’adhésion de l’Allemagne de l’Est à la République Fédérale. L’unification allemande était alors consommée. Et depuis, la fête nationale a lieu le 3 octobre.

L’histoire de l’unification allemande est une série d’évènements imprévus, de hasards improbables et de la volonté de tout un peuple de mettre un terme à un régime oppressant et ce, sans verser du sang. La «révolution paisible» en RDA est un exemple de ce qui nous attend ailleurs en Europe dans peu d’années – le raz-le-bol définitiv des gens, le manque total de confiance en leurs dirigeants, la volonté de vivre dignement, tout cela avait motivé les habitants de la RDA à manifester, des mois durant, paisiblement dans les villes.

Autre hasard de l’histoire – à ce moment-là, la Russie était dirigée par Mikhail Gorbatchev qui lui, voulait une Europe paisible et qui n’avait pas les mêmes intentions que ses successeurs. Et François Mitterand, d’abord hostile à l’idée d’une Allemagne plus forte au coeur de l’Europe, finissait aussi par céder.

Mais le plus ivraisemblable des hasards, c’était la conférence de presse de Günther Schabowski, membre du comité central de la SED, le soir du 9 novembre 1989. Il y annonçait la décision du parti de permettre des voyages des citoyens est-allemands à l’Ouest. Lorsqu’un journaliste lui demandait si cette décision serait appliquable immédiatement, Schabowski, surpris par la question, sans instructions sur cette question, finissait par dire «A ma connaissance, oui. La nouvelle règle s’applique toute de suite.» Quelques instants plus tard, de milliers de citoyens est-berlinois s’amassaient devant les postes de frontière, scandant «ouvrez, ouvrez», tandis que les policiers est-allemands, par du tout informés de la situation, tentaient en vain de contenir les masses qui elles, perdaient la patience. Finalement, encore un de ces hasards, l’officier en charge décidait, tout seul, d’ouvrir la frontière pour éviter un massacre. Si cet officier avait décidé d’ouvrir le feu sur les gens, la révolution aurait pu être stoppée net.

Après l’ouverture des frontières, l’Allemagne tombait dans une sorte de fièvre. Toute sorte d’idées fusaient et après un an de négociations, le 3 octobre 1990, tout était prêt pour officialiser l’unification.

Depuis, l’Allemagne cherche une normalité qu’elle n’a pas encore atteinte en 24 ans. Le niveau de vie entre l’ex-RDA et la RFA est toujours très différent, les régions rurales en x-RDA se meurent. Chômage, différences culturelles, une économie sinistrée dans les «nouveaux Länder», des profiteurs occidentaux ayant abusé du manque d’expérience des allemands de l’est dans le capitalisme – de nombreux est-allemands aimeraient retrouver l’époque de la RDA.

Les perdants de cette unification, ce sont les générations ayant grandi pendant ces 40 ans de la RDA et qui ne se retrouvent plus dans un autre système qui s’occupe moins de ses individus. Mais, Rome n’a pas été construite en un jour non plus. Les jeunes générations pour lesquelles l’unification allemande ne constitue qu’une page dans les livres d’histoire, ne font plus la distinction entre est et ouest et c’est très bien ainsi. Mais il faudra certainement encore attendre 24 ans avant que les deux parties de l’Allemagne se trouvent vraiment sur un pied d’égalité. Avec un peu de patience et de bonne volonté, les Allemands vont y arriver.

2 Kommentare zu Pourquoi les Allemands fêtent le 3 Octobre

  1. Cécile Dardé-Wied // 3. Oktober 2018 um 9:12 // Antworten

    C‘est surtout à cause d‘un certain 9 novembre 1938 (date de la nuit de Cristal, pendant le IIIe Reich, pogrom contre les Juifs) que les Allemands ne pouvaient pas choisir le 9 novembre comme fête nationale, même si le mur est tombé un 9 novembre !

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  1. Wir bloggen zusammen ! » 3 octobre

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