Pourquoi partir au Québec ?

Entre vie rêvée et vie réelle...

Le Château Frontenac domine la belle ville de Québec City. Foto: Wilfredor / Wikimedia Commons / CC0 1.0

Aude Nguyen-Heidelberger) – Chaque année se déroule en France la tournée du « Mois du Québec », durant tout le mois d’octobre. Habituellement, le salon passe par des villes comme Reims, Paris ou encore Strasbourg, mais cette année – Covid-19 oblige – tout l’événement se déroule en ligne. Au programme, des conférences et ateliers où des experts répondent concrètement aux demandes des futurs immigrants, tout en veillant à rétablir l’équilibre entre fantasmes et réalité. Car oui, s’expatrier au Québec peut faire rêver, avec des paysages magnifiques, un marché du travail solide et une mentalité accueillante.

Mais alors, pourquoi le Québec est-il autant prisé ?

Une politique d’immigration active – Depuis les années 1990, le Québec a mis en place une politique d’immigration active. Tout d’abord, Le Québec souhaite faire de sa société une société d’intégration selon Micheline Labelle dans son article Politique d’immigration du Québec publié en 2007, mais aussi de combler ses besoins dans le marché du travail : le secteur manufacturier et des services sont les plus demandeurs. Cette politique se traduit par la promotion active de la province auprès de la France, du à son affinité avec le pays. En effet, 78% des Québécois ont le français pour langue maternelle et les chiffres sont éloquents ! Selon le rapport Le Québec en chiffres paru en 2020 par l’Institut de la Statistique du Québec, sur plus de 8 millions d’habitants, 3 952 Français ont immigré au Québec. Mais aujourd’hui les chiffres sont en baisse avec la situation sanitaire actuelle.

Outre sa politique d’immigration proactive, la province attire pour d’autres raisons. Pierre (le nom est changé ndlr), la trentaine, raconte ce qui l’a poussé à franchir le pas pour s’installer à Montréal (la plus grande ville du Québec) : « Je vivais à Montpellier depuis un peu plus de 2 ans quand je suis parti visiter le Canada en tant que touriste. Partir faire une expérience à l’étranger était une idée que j’avais dans un coin de ma tête depuis un moment. En arrivant sur place, ça a été le coup de cœur, j’ai choisi Montréal sans hésiter. ». Comme le raconte le jeune homme, le Québec est réputé pour sa qualité de vie : « Le climat social est beaucoup plus détendu qu’en France. Je ne dirais pas que les gens sont plus tolérants qu’ailleurs, car ce serait faux, c’est juste qu’il y a une culture du compromis. […] En termes de sécurité, c’est aussi mieux ». Autre point non négligeable : le coût de la vie. Selon Pierre, les villes comme Montréal et Québec sont moins chères que Paris.

Avec une population active de 4 500 000 personnes pour un taux de chômage de 5% (Le Québec en chiffres, Institut de la Statistique du Québec, 2020), la province est aussi réputée pour son marché du travail actif. En témoigne l’expérience du jeune homme : « Une semaine après mon arrivée, j’ai décroché un « job alimentaire » de vérificateur de traduction dans le secteur des jeux-vidéo, payé au-dessus du minimum légal. Au bout d’un mois, je décrochais un job de spécialiste marketing et 6 mois après mon embauche, on me proposait le poste de responsable du service ».

Des démarches simples et accessibles… – Mais comment fait-on pour immigrer au Québec ? Les procédures d’immigration sont assez simples, tout se fait en ligne sur le site du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration québécois. Pierre, lui, n’a pas eu trop de soucis : « Il faut bien prendre garde de fournir tous les éléments demandés tout au long de la démarche, car un dossier incomplet n’est pas pris en compte. Il faut donc une bonne organisation, mais aussi un peu de chance ! La sélection se fait en premier lieu par tirage au sort, car il y a plus d’inscrits que de places allouées pour ce visa ». En plus d’un recrutement plutôt simplifié, le gouvernement met à disposition des candidats des agents pour les accompagner dans leurs démarches, et ce même avant leur arrivée sur le sol québécois. Pour les frais de dossier, cela dépend du programme d’immigration sélectionné. Tous les frais sont précisés sur le site du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration.

Néanmoins, une fois arrivé sur place, il ne faut pas oublier certaines choses :  un numéro de sécurité sociale (NAS) et un numéro de téléphone canadien, important dans la recherche d’un emploi. Pour le logement, plusieurs options s’offrent aux expatriés : « Dans mon cas j’ai choisi de m’installer en Airbnb pour un mois, le temps de chercher un logement. Il faut compter environ 1000$ pour quelque chose de correct. […] Je pense que partir avec 4000€ de côté (sans compter l’avion et le logement donc), c’est bien pour commencer dans de bonnes conditions », résume le jeune homme.

…Avec certains inconvénients – Enfin, il ne faut pas oublier d’apporter certaines nuances à ce discours : bien que les procédures soient accessibles, le système d’immigration québécois est très sélectif : tout se fait avec un score selon plusieurs critères décisifs. Ainsi, ont toutes leurs chances les personnes entre 18 et 35 ans (mariées ou non, avec ou sans enfants), diplômées d’un master ou plus, avec au moins deux ans d’expérience professionnelle dans un domaine. Ce score est également accompagné d’un test en langue française et anglaise. Il ne faut pas oublier que le Québec recherche majoritairement des jeunes diplômés, afin de pallier aux besoins de son marché du travail, très demandeur en main d’œuvre qualifiée.

Ensuite la vie au Québec n’est pas forcément idyllique. Pierre raconte les différences qu’il a pu rencontrer entre la France et la province, comme avec le système de santé par exemple : « Prendre une assurance santé privée est indispensable. En PVT (Permis Vacances Travail ndlr), vous n’avez aucun accès à la sécurité sociale. Les soins sont de moins bonne qualité. Le meilleur moyen de ne pas vous tromper est de demander des recommandations aux gens sur place. Ces deux ans au Canada m’ont coûté 800€ en assurance ». Ensuite le climat, que les plus frileux n’apprécieront pas forcément : « Entre mi-octobre et mi-avril vous êtes en période hivernale » précise Pierre. Enfin, les différences culturelles, notamment dans le monde du travail : « Les entretiens [d’embauche] sont différents : moins agressifs, c’est davantage une discussion. Vos expériences comptent bien plus que vos études. […] En revanche, une personne qui se fait licencier quitte immédiatement l’entreprise, discrètement et sans même dire aurevoir à ses collègues. Votre relation avec eux se construit sur la longueur. C’est une chose applicable en dehors du monde du travail également ». De plus, parler l’anglais est indispensable dans une province à moitié anglophone, bien que dominée par la langue française.

Le Québec est donc une contrée de choix pour s’expatrier ! Sa politique d’immigration est très efficace, en plus d’une très bonne réputation auprès des autres pays. Une mentalité moins frontale, un marché de l’emploi dynamique et un cadre de vie riche font partis des principaux arguments. Il ne faut pourtant pas oublier certains points : cette politique est très sélective et certaines différences culturelles doivent être prises en compte : « J’ai vécu une superbe expérience. Ne vous attendez pas au paradis sur terre non plus, le pays est bien ancré dans la réalité. Laissez-vous le temps de vous installer et de vous intégrer. Soyez prêts à vous adapter, et à faire des concessions », conclut Pierre. Alors, tenté ?

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Lien de l’article de Micheline Labelle Politique d’immigration du Québec, 2007

Aude Nguyen-Heidelberger est étudiante à l’ISEG à Strasbourg. Voici son premier article sur Eurojournalist(e) !

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