Pourquoi voter alors ?

Les grands partis allemands se sont mis d’accord pour le successeur du président allemand Joachim Gauck. Le prochain président allemand sera Frank-Walter Steinmeier. Son élection sera un show pour la galerie.

Sauf incident majeur, Frank-Walter Steinmeier (SPD° sera le prochain président allemand. Foto: Kremlin.ru / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Le prochain président allemand sera l’actuel ministre des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier (SPD). Voilà le résultat d’une concertation entre la CDU/CSU et le SPD, son partenaire de coalition. Ensemble, les deux partis disposeront sans doute d’une majorité suffisante dans la « Bundesversammlung », cet organe étrange prévu par la constitution allemande et qui ne se réunit qu’une fois tous les 4 ans pour élire le président allemand. En principe, on pourrait se passer de cette réunion électorale au mois de février 2017, puisque le résultat en est déjà connu. Et la démocratie dans tout ça ?

Le président fédéral n’intervient généralement pas dans la politique quotidienne, il a un rôle plutôt moral, même si la constitution (Grundgesetz) lui demande de signer toute nouvelle loi. Mais si le rôle du président fédéral est surtout représentatif, ce n’est pas une raison de « dealer » son élection avant même que cette élection n’a lieu. Pourtant, c’est ce qu’il vient de se passer en Allemagne et la désignation du candidat Steinmeier est plus politique qu’on ne le pense.

Car il y avait un autre candidat potentiel – le ministre-président du Bade-Wurtemberg, Winfried Kretschmann, qui aurait pu être élu grâce aux votes réunis de la CDU/CSU et des Verts. Si la CDU/CSU avait accepté le candidat Kretschmann, cela aurait indiqué qu’après les élections législatives au mois de septembre 2017 en Allemagne, une coalition CDU/CSU-Verts aurait été probable. Mais les conservateurs ont visiblement préféré un candidat du SPD, une « valeur sûre », car Frank-Walter Steinmeier bénéficie d’une forte côte de popularité.

Cette désignation pose à nouveau des questions quant à la « démocratie représentative » – le poste du premier homme de l’état en Allemagne sera accordé suite à un accord entre les grands partis. Ce ne seront donc pas les citoyens allemands qui l’auront élu, mais les partis qui l’auront désigné. A quoi bon alors d’organiser encore ce vote, pourquoi appeler la « Bundesversammlung » pour une élection-show ?

La « Bundesversammlung » (« assemblée fédérale ») est composée de l’ensemble des députés nationaux et du même nombre de citoyens – souvent des artistes, sportifs ou bénévoles. Selon le « Grundgesetz », la « Bundesversammlung » élit le président et cet organe constitutionnel n’a aucune autre fonction. Et cette fonction, visiblement, elle ne l’a pas non plus, car les partis se sont mis d’accord pour un président qui ne pourra pas échouer lors de l’élection.

Personne ne conteste la personne de Frank-Walter Steinmeier qui sera sans doute un bon président pour l’Allemagne, mais une nouvelle fois, la démocratie occidentale montre à quel point elle est éloignée des peuples.

Mais cette génération ne peut pas faire autrement. Victimes de leur propre système, les partis sont aujourd’hui des appareils à pouvoir qui suivent une logique à part, celle du pouvoir. Les citoyens et citoyennes n’ont plus vraiment leur mot à dire et il ne faut pas s’étonner que de plus en plus de personnes s’orientent vers les extrêmes politiques. Il aurait été plus élégant de consulter au moins les adhérents des partis concernant le candidat à la présidence allemande, mais les partis et les citoyens ne semblent plus évoluer dans le même monde. Dommage. Pour nous, mais aussi pour Frank-Walter Steinmeier.

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