Près de 77% des salariés français aiment leur travail !

Une étude de la CFDT, premier syndicat français, démontre que trois quarts des Français aiment bien leur travail. Tout n’est donc pas perdu…

La CFDT compte parmi les "grands" syndicats en France. tendance à la hausse. Foto: Gérald Garitan / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Par Alain Howiller) – Décidément, une bonne nouvelle vient rarement seule ! C’est ce que les dirigeants de la CDFT ont du se dire en prenant en compte les données qui font de leur centrale le premier syndicat du « secteur privé » et l’impact rencontré par leur étude « Parlons travail » mené auprès de quelque 200.000 salariés. Les actions menées par le syndicat, qui d’une certaine manière reste marqué par ses racines chrétiennes(1), ont donc été payantes : le « réformisme centriste », qui prône le dialogue et la concertation, a battu l’esprit d’opposition systématique et de contestation de la CGT.

En effet, s’appuyant sur le résultat des élections professionnelles, le « Haut Conseil du dialogue social » a constaté que la CFDT, avec 26,37% des voix (contre 26% en 2013), a dépassé la CGT (24,85% contre 26,77% en 2013) et est devenue de ce fait la première centrale syndicale française. Le résultat souligne la lente évolution du syndicalisme en France : les syndicats dits « réformistes » (CFDT, CFTC et UNSA) représentent désormais 41,21% des votes des salariés du privé alors que les syndicats dits « contestataires » (CGT et FO) représentent, eux, 40,44% des voix.

Près de 200.000 salariés ont répondu ! – Toutefois, si on intègre dans les données sociales la fonction publique, la CGT garde, de peu, sa première place dans le syndicalisme français, les résultats du « privé » gardant toute leur signification pour les entreprises et les accords qui peuvent y être conclus.

Deuxième satisfaction pour la CFDT, l’impact (notamment médiatique) obtenue par l’enquête menée, avec l’aide de deux entreprises spécialisées dans ce type de travail, auprès des salariés français. Il s’agit de la plus importante enquête interactive de ce type jamais menée en France : elle a été lancée en Septembre 2016, proposant 172 questions regroupées en 25 thèmes. Près de 200.000 salariés y ont répondu, ce qui a permis de constater que 77% d’entre eux affirment qu’ils aiment leur travail et que 57% d’entre eux sont fiers de ce qu’ils font !

A ces premiers constats, on peut ajouter le fait que pour 65% des salariés, travailler jusqu’à 39 heures par semaine n’est pas un problème, cette durée hebdomadaire du travail, qui est l’un des thèmes nourrissant la campagne présidentielle, restant parfaitement compatible avec les exigences de la vie privée : 42% des salariés estiment que la durée hebdomadaire de travail à 35% n’a pas l’importance que lui accordent les politiques, seuls 32% des interrogés voudraient travailler moins mais 66% souhaiteraient gagner davantage, même si 60% affirment qu’ils ne travaillent pas pour gagner le plus d’argent possible alors que 84% déclarent travailler « avant tout pour subvenir à leurs besoins. »

Les salariés entre amis et « burn out » ! – Parmi les réponses positives obtenues dans le cadre de l’enquête, 71% des salariés se font des amis au travail, 59% trouvent du plaisir à leur travail, 76% considèrent que leurs relations avec les collègues sont cordiales et souvent formidables. Parmi les nombreuses réponses critiques souvent accompagnées de conseils d’amélioration, un premier constat : 65% des salariés -du public comme du privé- estiment que l’écart de rémunération entre les hauts et les bas salaires est trop important, 58% estiment n’avoir pas le temps de faire correctement leur travail, 51% pensent que leur charge de travail est excessive et 59% pensent que leurs supérieurs ne se soucient guère de leur bien être !

Relevons -même s’ils ne sont pas majoritaires- les avis de 44% des salariés qui affirment qu’ils ressentent des douleurs à cause de leur travail, 35% estiment que leur travail nuit à leur santé, 34% dorment mal et 36% soulignent qu’ils ont été victimes d’un « burn out’ ». Du coup, 73% des salariés souhaitent participer davantage aux décisions, d’autant que la majorité est critique vis à vis du management de leur entreprise (62% pensent que… l’absence de management ne changerait pas grande chose à leur travail !).

Syndicats et partis politiques. – Pour prolonger, en quelque sorte, l’enquête et lui donner une conclusion pratique, la CFDT a décidé d’interroger les candidats (hors Marine Le Pen) à l’élection présidentielle, de recueillir leurs avis sur « Parlons travail » avant de présenter un « Manifeste pour le Travail », détaillant les propositions du syndicat pour changer les choses. Le syndicat continue ainsi à développer cette approche réformiste qui a fait son succès.

Un succès qui ne peut pas faire oublier qu’en France, comme dans l’ensemble des pays de l’OCDE où le taux de syndicalisation a chuté de 33 à 17% en un peu plus de trente ans, la syndicalisation des salariés s’est fortement érodée (de 19,8% de syndiqués on est passé à 8,7%. La chute en France est souvent expliquée par la division des syndicats qui seraient trop nombreux. Le taux moyen de syndicalisation est de 23% dans l’Union Européenne dont 18% environ en Allemagne.

Il est vrai que l’érosion dont souffrent les… partis politiques est bien plus forte… Mais il faut bien avouer que, en cette période de forte activité électorale, cela ne console personne !

(1) Rappelons que la CFDT (« Confédération Française Démocratique du Travail »), qui revendique plus de 800.000 adhérents, est née en 1964 d’une crise qui a « déconfessionnalisé » la CFTC qui devient CFDT. Environ 10% des adhérents, refusant la « laïcisation », créent alors une nouvelle « Confédération Française des Travailleurs Chrétiens » appelée, dans un premier temps, « CFTC maintenue ». Aujourd’hui, la CFTC, qui revendique près de 150.000 adhérents, représente 9,49% des votes de l’audience électorale professionnelle. La CGT revendique un peu moins de 700.000 adhérents pour -on l’a vu- 24,85% des voix des salariés aux élections professionnelles du secteur privé.

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