Présidentielles 2017 : Retour vers le Futur (IV)

Alain Juppé, maire de Bordeaux, ancien Premier Ministre, ministre des affaires étrangères et de la défense, vient de déclarer sa candidature pour les Présidentielles 2017. En 2017, Juppé aura 71 ans…

Alain Juppé, jeune talent politique, porteur d'espoir auto-proclamé - cette génération aura dégoûté du monde de la politique. Foto: R. D. Ward / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Dans le monde politique, l’expérience et les réseaux comptent. Mais est-ce une raison pour aller chercher les candidats dans les services de gériatrie ? Est-ce que la France ne dispose vraiment pas de talents politiques un peu plus jeunes, des talents qui comprennent quelque chose au monde d’aujourd’hui ? Et est-ce que l’UMP (et le PS) ne comprennent vraiment pas que leur comportement ne fait que renforcer le Front National et Marine Le Pen ?

Alain Juppé risque fort de croiser sur sa route vers l’Elysée un certain Nicolas Sarkozy – un duel entre ces deux «vieux crocodiles» illustrerait bien toute la misère de la politique française. A défaut d’idées, à défaut de libérer la voie aux talents dans les partis, on se rabat sur les anciens, sur ceux qui ont déjà eu l’occasion, à maintes reprises, de faire bouger les choses. Il suffit de se poser la question quant aux actions remarquables du ministre Juppé – à la défense, il a fait quoi ? Aux affaires étrangères, il a fait quoi ? En tant que Premier Ministre, il a fait quoi ? A-t-il vraiment marqué la politique française d’une empreinte positive ? Sa candidature est une sorte de «Retour vers le Futur» – mais les Français n’adhèreront plus à ces jeux politiques marqués par les ambitions personnelles et non pas par l’avenir du pays.

C’est à pleurer – si le PS et l’UMP avaient pris la décision d’instaurer le Front National au pouvoir en 2017, ils ne pourraient pas agir plus efficacement qu’en ce moment. Ne parlons plus d’un deuxième mandat de François Hollande, à croire les sondages, la France sera bien contente de pouvoir le limoger en 2017. Il reste qui alors ? Manuel Valls ? Qui est en train de perdre toute crédibilité avec son «on continue comme avant, plus tôt ou plus tard ça payera» ?

Sarkozy ? L’ex-président qui concurrence actuellement Silvio Berlusconi sur le nombre de procédures juridiques ? Alain Juppé ? Les Français auront un difficile choix en 2017. Soit, ils voteront pour un «has-been» ayant déjà fait preuve de ses incompétences, soit ils voteront pour Marine Le Pen. Non pas parce que les Français seraient devenus des «néo-fachos», mais par manque d’alternative.

La France se trouve dans une situation critique qui relève de la responsabilité des grands partis politiques. Que ce soit la Droite ou la Gauche – les partis sont devenus des appareils du pouvoir où la carrière individuelle compte plus que le destin du pays. Si UMP, PS, MoDem et les autres aimaient vraiment la France, ils chasseraient ces vautours du pouvoir pour présenter des candidats frais, jeunes et intelligents. Si la France veut se doter d’un gouvernement capable de sortir le pays de ces problèmes, il est inconcevable de nommer des candidats qui eux, sont partiellement responsables de la situation actuelle et qui ont déjà démontré qu’ils ne sont pas capables de diriger la France.

Les partis dits «populaires» (il convient de changer ce terme, car plus aucun des partis ne mérite encore cette appellation…) disposent maintenant d’un peu moins de trois ans pour se réformer. Car avant de s’attaquer à des réformes nationales, il serait important que les partis se réforment eux-mêmes. Mais tant que l’ensemble des postes importants au sein des partis est occupé par les anciens, tant que les jeunes talents restent exclus de la responsabilité politique, aussi longtemps rien ne changera dans la politique française.

La candidaturen d’Alain Juppé est le plus mauvais signal qu’il pouvait envoyer aux Français. Dans le fond, il signale qu’il se fiche pas mal de la situation de la France (dans sa déclaration sur son blog, il se limite à des platitudes du genre «il faut une France forte capable d’entraîner une Europe active», faisant ainsi preuve d’un manque d’idées pour la France et pour l’Europe, mais d’une volonté ferme de s’octroyer le poste du Président) et il est incroyable que l’on ne se rende pas compte à Paris que c’est cette attitude qui explique le succès électoral de l’extrême-droite. A quand une révolte au sein de l’UMP ? Il doit bien y avoir des adhérents de l’UMP qui comprennent qu’un duel Juppé – Sarkozy risque d’envoyer le parti dans un insignifiance politique la plus totale.

L’erreur fondamentale que commettent autant l’UMP que le PS et qui risque de conduire la France dans une catastrophe politique, est celle de penser que l’alternance fort ennuyeuse entre la Droite et la Gauche puisse continuer éternellement. Dans cette logique d’une alternance UMP-PS quasi-naturelle, les ténors de ces partis pensent devoir maintenant lancer la course aux postes. Erreur, le paysage politique a changé en France. Le fait que François Hollande soit le Président le plus faible et le moins apprécié de la Ve République ne veut pas automatiquement dire que le prochain Président de la République soit un UMP. Cette époque du noir-et-blanc politique fait désormais partie de l’histoire. La défaillance collective des partis dits «populaires» a permis au Front National de devenir la première force politique dans l’hexagone. Mais même la lourde défaite de l’UMP et du PS aux élections européennes n’a visiblement pas suffit pour que les partis se remettent en question et pour qu’ils changent leur façon de faire.

Qu’ils se livrent une belle bataille électorale – s’ils continuent comme ça, le prochain Président français ne sera ni François Hollande, ni Manuel Valls, ni Nicolas Sarkozy et encore moins Alain Juppé – tous ensemble, ils auront porté Marine Le Pen jusqu’à l’entrée de l’Elysée.

1 Kommentar zu Présidentielles 2017 : Retour vers le Futur (IV)

  1. L’âge du capitaine, fût-il fort avancé , ne fait pas seul une gérontocratie, surtout s’il rassure par sa qualité humaine et son expérience .
    En revanche, l’âge moyen de l’équipe, l’usure par l’interminable succession de postes ministériels ou autres, la reproduction du phénomène dans la société civile jusqu’à la direction de la plus insignifiante des associations, voilà le mal. Les “vieux ” s’accrochent dissuadant les plus jeunes de s’investir. Question de mentalité frileuse !

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