Prix Charlemagne pour Martin Schulz – bon choix, mauvais choix…

Le Président du Parlement Européen Martin Schulz reçoit le Prix Charlemagne pour ses mérites européens - ce qui constitue à la fois un bon et un mauvais choix.

En décernant le "Prix Charlemagne", l'Europe institutionnelle s'autocélèbre. Comme toujours. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Depuis 1950, la ville d`Aix-en-Chapelle décerne le «Prix Charlemagne» à des personnalités ayant «œuvré pour l`intégration européenne». En 2015, le lauréat de ce prix prestigieux sera le Président du Parlement Européen Martin Schulz. Si Schulz a effectivement réussi à sensiblement augmenter le poids du Parlement Européen, il représente en même temps une Europe qui tous les jours, s`éloigne un peu plus de ces citoyens et qui devient de plus en plus une structure servant avant tout les intérêts de banques et du grand capital.

Personne ne remettra en doute l‘apport de Martin Schulz à l‘Europe institutionnelle. Après tout, il aura réussi à asseoir le Parlement Européen sur la scène politique et de renforcer son rôle vis-à-vis de la toute puissante Commission Européenne. Ainsi, sans l‘aval du Parlement Européen, seule institution démocratiquement élue par les 500 millions d‘Européens, la Commission ne peut pas être nommée et de nos jours, il est difficile de prendre des décisions politiques dans la politique européenne sans l‘accord du Parlement. Son grand mérite consiste donc à avoir donné plus de voix aux citoyens et citoyennes européens. En théorie. C‘est pour cela qu‘il mérite cette distinction.

Dans la pratique, les choses se présentent bien différemment. L‘Europe institutionnelle continue à écouter les citoyens uniquement lorsque l‘avis des citoyens arrange la politique. Ce qui n‘est pas le cas, par exemple, en ce qui concerne des dossiers comme le traité sur les libres échanges TTIP que les institutions européennes veulent faire passer à tout prix. Le fait que ce traité brade les intérêts européens pour faciliter la vie aux groupes multinationaux, est une raison suffisante pour refuser l‘initiative citoyenne. Théoriquement, les citoyens européens peuvent forcer les institutions à revoir leur copie dès lors 1 million de signatures a été collecté. Sauf pour les dossiers que l‘Europe institutionnelle n‘a pas envie de discuter avec ses citoyens. Autre exemple – la façon dont l‘Europe gère le dossier d‘Edward Snowden. Une majorité des Européens serait favorable à l‘asile pour celui qui aura appris au monde que les Etats-Unis surveillent le monde entier. Pourtant, l‘Europe institutionnelle, ne veut pas en entendre parler. On pourrait continuer cette liste ad eternam – l‘Europe ne fonctionne que pour ceux qui constituent la plus grande menace pour la paix sociale dans l‘Union Européenne.

Mais cette Europe institutionnelle continue à s‘autocélébrer et à se distinguer toute seule «pour le super travail fourni». Il suffit de regarder la liste de lauréats de ce prix prestigieux pour comprendre que là aussi, l‘Europe institutionnelle se soit totalement éloignée de sa population. Sur cette liste, on trouve des personnalités comme Angela Merkel, Bill Clinton ou Herman Van Rompuy, donc des gens qui n‘ont fait que mettre «l‘Europe des Citoyens» en péril. Que ce soit Angela Merkel dont la politique est en train de détruire l‘Europe du Sud (en attendant le retour de la manivelle en Allemagne…), que ce soit Bill Clinton qui aura bien défendu les intérêts américains vis-à-vis de l‘Europe ou le plus terne des présidents du Conseil Européen, Herman Van Rompuy, qui pendant son mandat n‘a même pas réussi à se faire connaitre des citoyens européens, tellement son action était discrète. Dans cette liste, Martin Schulz trouvera dignement sa place.

Le Prix Charlemagne aurait eu un sens si les organisateurs de ce prix avaient eu le courage de distinguer une ou plusieurs initiatives citoyennes, donc un projet porté par des gens qui s‘engagent réellement pour l‘idée européenne, sans pour autant se faire payer des salaires faramineux. Car les citoyens qui s‘engagent pour la chose européenne, il y en a. Beaucoup. Des gens qui investissent leur temps, leur énergie et leur cœur dans la construction de quelque chose qui ressemblerait davantage à une «Europe des Citoyens» qu‘à cette «Europe des Banques» portée par les Merkel, Juncker, Schulz & Cie. Dans cette perspective, le Prix Charlemagne pour Martin Schulz constitue un mauvais choix.

Le 14 mais 2015, l‘Europe institutionnelle se retrouvera donc à la magnifique cathédrale d‘Aix-la-Chapelle, l‘endroit du sacre des empereurs allemands, pour s‘autocélébrer. Bien entendu, les citoyens ne seront pas conviés et finalement, ce n‘est pas grave. Car l‘Europe les concerne de moins en moins.

A nous, citoyens européens, de chasser lors des prochaines élections européennes ses agents du grand capital et d‘élire une nouvelle génération politique qui elle, défendra enfin les intérêts des citoyens. Car l‘Europe, même si les gens s‘en détournent, est une excellente idée dont seulement la mise en œuvre est très mal organisée. A nous, citoyens européens, de faire mieux.

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