Procès Groening : «Je m‘excuse auprès du Bon Dieu…»
Le procès contre Oskar Groening entre dans sa phase finale - et l’ancien SS d’Auschwitz affiche des remords qu’on a du mal à croire.
(KL) – Le procès contre l’ancien SS Oskar Groening, surnommé «l‘expert-comptable d‘Auschwitz», âgé de 94 ans, entre dans sa phase finale. Les témoins ont déposé et ce furent des moments d’une intensité rare. Mais à la frustration générale, l’accusé Groening continue à se cacher derrière des déclarations creuses qu’il fait lire par ses avocats. Pendant le procès, il n’a pas réussi à s’excuser auprès les derniers survivants du camp de la mort – la seule excuse qu’il a prononcé ne concernait pas les crimes commis à Auschwitz, mais la terminologie des nazis qu’il avait utilisé pendant le procès. Après les dépositions des témoins, on attend le verdict fin juillet.
Au cours du procès, Groening a fini par admettre qu’il s’est rendu coupable en faisant partie d’une machine à tuer, tout en niant une vraie responsabilité personnelle. Oui, il avait participé «à deux ou trois reprises» à la sélection sur la rampe d’Auschwitz, autrement, il n’aurait «que» comptabilisé l’argent des victimes de l’Holocauste. Mais, comme il a admis durant le procès, sans émotion, ce sont des exécutants comme lui qui ont permis à cette machine de tourner.
Et que penser d’un vieillard qui déclare que «les dépositions des survivants quant à leurs souffrances lors de la déportation, dans le camp et pendant leurs vies ultérieures l‘avaient profondément impressionnées», mais qui ne trouve pas de mot d’excuse vis-à-vis des victimes ? Il a seulement regretté, comme il a laissé déclarer ses avocats, d’avoir utilisé la vieille terminologie des nazis lors de ses propres dépositions – mais en ce qui concerne les crimes contre l’humanité qui lui sont reprochés, il ne voulait pas s’excuser. «Le seul à qui je présenterai mes excuses, c‘est le Bon Dieu», a-t-il déclaré, invoquant «l‘énormité des crimes commis».
Ceux qui s’attendaient du procès de Lüneburg des éclairages sur la psychologie des masses ayant permis le développement d’un système barbare, resteront sur leur faim. Car Groening n’a pas quitté d’un centimètre sa ligne de défense – «coupable, mais pas responsable». Ce qui résume la justification de toute la génération nazie après la guerre.
Ses déclarations résonnent comme si elles avaient été dictées par ses avocats. Dès qu’il a ouvert la bouche, on entendait le vieux nazi convaincu. Ainsi, lorsqu’il évoquait le «joli portail» en parlant de la porte de la mort qui cyniquement portait l’inscription «Arbeit macht frei» («le travail vous rendra libre»)´, un silence glacial s’installait dans la salle d’audition. Dans sa déclaration en début de la semaine, encore une fois lue par ses avocats, il a donc regretté cette terminologie, seulement, on a du mal à le croire.
On ne peut que regretter que Groening, à 94 ans, donc, aux portes de sa mort, n’ait pas trouvé le courage de livrer les détails sur les horreurs d’Auschwitz. Les historiens auraient aimé apprendre davantage sur la psychologie de ces «Messieurs tout-le-monde» qui se sont transformés en bêtes sanguinaires dépassant toutes les limites des conventions de l’humanité. Mais dans le cadre de ce procès, on n’a rien appris de nouveau. Groening, qui au début du procès avait annoncé sa coopération, n’a pas coopéré. Au contraire – il a fait semblant d’être celui qui apprenait des choses pendant le procès. Comment peut-il être ému par les récits de ce qui s’est passé à Auschwitz – il y était, il doit bien savoir comment les centaines de milliers de victimes ont souffert à Auschwitz-Birkenau. Lui, surpris ?
Fin juillet, le verdict tombera. Quel verdict trouver contre un criminel de guerre, un petit maillon dans la chaine de la mort des nazis, dont les chef d’accusation est complicité de meurtre dans 300 000 cas ? Une peine assortie d’un sursis, en vue de l’âge de l’accusé ? Puisque Groening a avoué sa participation au «système Auschwitz», en vue de la gravité extrême de ce crime contre l’humanité, il est inconcevable de l’acquitter. Les juges se trouvent devant une situation difficile, mais en principe, il n’auront d’autre choix que de le condamner à la perpétuité. L’âge avancé de l’accusé ne peut pas être une raison pour lui accorder une clémence qu’il ne mérite pas – au contraire. Car cet homme ayant participé à la «sélection» terrible sur la rampe d’Auschwitz, a participé au plus grand crime jamais perpétué en Europe, tout en bénéficiant d’une impunité incompréhensible pendant les 70 ans qui se sont écoulés depuis.
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