Puigdemont, un héros des temps modernes ?

Le chef déchu du gouvernement régional de la Catalogne aura au moins réussi une chose : creuser le clivage entre la Catalogne et l’Espagne. Et c’est tout.

Héros des temps modernes ou "Don Quichotte de l'indépendance catalane" ? Foto: Generalitat de Catalunya / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(KL/AK) – Il voulait entrer dans les livres d’histoire comme celui qui aura conduit la Catalogne vers l’indépendance. Mais Carles Puigdemont a mal préparé son coup. Il semble qu’une majorité des Catalans ne souhaite pas la séparation avec l’État espagnol. Les membres de son gouvernement qui s’étaient enfuis avec lui à Bruxelles sont rentrés à Barcelone, où l’accueil n’était guère chaleureux. En attendant, Carles Puigdemont est convoqué jeudi devant une juge à Madrid. S’il ne donne pas suite à cette convocation, il pourrait être recherché avec un mandat d’arrêt international. Désormais, il ne s’agit plus de l’indépendance de la Catalogne, mais du « personality show » de Carles Puigdemont et ce show se déroule aux frais et dépens des Catalans, grands perdants de ce volet « indépendance ».

Carles Puigdemont a beau déclarer depuis Bruxelles qu’il ne s’est pas « enfoui », mais qu’il compte poursuivre son travail pour l’indépendance catalane depuis la capitale belge, force est de constater que son projet de Catalogne indépendante de l’Espagne a lamentablement échoué. Animé par un régio-nationalisme marqué, Puigdemont a cherché et perdu son bras de fer avec le gouvernement de Madrid qui, pourtant, n’a pas réagi plus intelligemment dans cette situation. En quelques semaines, Puigdemont aura réussi à porter un coup grave à l’économie de la Catalogne (presque 1000 entreprises ont annoncé vouloir délocaliser leurs sièges vers d’autres régions espagnoles) et les relations entre la Catalogne et le reste de l’Espagne risquent d’être empoisonnées pendant de longues années.

Non, Carles Puigdemont n’est ni Guillaume Tell, ni Andreas Hofer ; il n’est pas un combattant pour la liberté de son peuple opprimé, car le peuple catalan n’est pas opprimé. Puigdemont voulait surtout être le « libérateur » de la Catalogne, mais en s’enfuyant en Belgique et en laissant « son » peuple se débrouiller dans cette situation compliquée, Puigdemont fait preuve de lâcheté.

Jeudi, il doit se présenter devant une juge à Madrid et il devra remettre une caution de 6,2 millions d’euros. Les chefs d’accusation sont graves : rébellion, abus de budgets publics, résistance contre l’État. L’ardoise pourrait s’élever à 30 ans de prison. Mais là, l’État espagnol devra mettre un peu d’eau dans son vin et stopper cette escalade de la violence. Pour pacifier la situation avant les élections anticipées en Catalogne le 21 décembre, l’Espagne serait bien avisée de faire preuve de largeur d’esprit et de ne pas transformer le « Don Quichotte de l’indépendance catalane » en un martyr et héros de la Catalogne.

Il conviendrait à présent de calmer la situation, de laisser voter la Catalogne le 21 décembre et d’analyser ensuite les résultats. Inutile d’incarcérer Puigdemont, il n’est plus la figure de proue du mouvement indépendantiste. Maintenant, il faut laisser le peuple s’exprimer dans les urnes et ensuite rechercher le dialogue entre Madrid et Barcelone. De préférence, sans Carles Puigdemont.

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