PURE, un projet d’envergure

A Lisbonne, la recherche biomédicale n'est pas à la traîne.

Les travaux menés dans le cadre du projet PURE seront utiles à la fabrication de tous les vaccins. Foto: Retha Ferguson / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Jean-Marc Claus) – Fin octobre, l’agence de presse portugaise « Lusa » annonçait qu’un projet européen, coordonné par Ana Cecília Afonso Roque, chercheuse à l’Université Nouvelle de Lisbonne (Nova), a obtenu un financement de trois millions d’euros. Intitulé « PURE », ce projet ambitionne de développer des méthodes de production durables, tant de médicaments destinés à soigner le cancer que des vaccins. Ainsi, au cours des quatre années à venir, une équipe internationale et multidisciplinaire va repenser la manière dont sont réalisés certains produits bio-pharmaceutiques.

A Vienne, l’Université des Ressources Naturelles et des Sciences de la Vie (BOKU) est partenaire de ce programme de recherche, ainsi qu’en Bavière, l’Université de Bayreuth, et au Portugal, l’Institut de Biologie Expérimentale et Technologique (iBET) d’Oeiras situé à l’ouest de Lisbonne. L’enjeu est, selon Ana Cecília Afonso Roque, le développement de matériaux et procédés destinés à la purification des produits bio-pharmaceutiques, dans une optique associant développement durable, efficacité et réduction des coûts. Une équation pas facile à résoudre, mais l’équipe de chercheurs ne manque pas d’inventivité.

L’aspect de la réduction des coûts, plus qu’un frein, peut être moteur, car la purification des produits bio-pharmaceutiques représente actuellement 80% de leurs coûts, comme le souligne Cristina Pexoto, chercheuse à l’iBET. Ce qui en pleine pandémie de Covid-19, et en prévision de celles qui la suivront à plus ou moins brève échéance, devient une impérieuse nécessité. Mais la réduction de l’impact environnemental est tout aussi important, sur  une planète dont l’Homme a déjà considérablement dégradé les écosystèmes. Par ailleurs, ce projet vise aussi, en réduisant de manière sécurisée, les coûts de production de ces produits bio-pharmaceutiques, de les rendre accessibles aux populations moins favorisées de l’ensemble de la planète.

Comme Ana Sofia Reboleira, dans le domaine des aquifères, pour la biomédecine, Ana Cecília Afonso Roque et Cristina Peixoto sont des chercheuses de premier plan dont les travaux ne sont pas assez médiatisés. Ce que l’on peut dire d’une manière générale, pour les recherches menées par la plupart des scientifiques issus de la Péninsule Ibérique. Comme si le Portugal et l’Espagne se résumaient au fado et au flamenco !

Ana Cecília Afonso Roque est ingénieur chimiste et docteure en biotechnologie. Elle a participé à des programmes de recherche à l’University of Cambridge (GB) et à la Catholic University of America (USA). Elle dirige le laboratoire d’ingénierie biomoléculaire de la Faculté de Sciences et Technologie à l’Université Nova de Lisbonne. Distinguée par plusieurs récompenses obtenues à partir de 2001, ses domaines de recherche sont la biologie synthétique, la bio-transformation et la nano-biotechnologie.

Cristina Peixoto est titulaire d’un doctorat en sciences de l’ingénierie, obtenu à l’Institut de Technologie Chimique et Biologique (ITQB) de l’Université Nouvelle de Lisbonne (Nova). Ses travaux ont contribué à la création de processus de purification évolutifs pour des produits bio-pharmaceutiques complexes tels que les vaccins et les médicaments utilisés pour les thérapies géniques. Responsable de la coordination de projets menés en partenariat avec des industriels, elle est aussi une conférencière réputée qui a beaucoup publié.

La recherche avance grâce aussi à l’apport des scientifiques du Sud de l’Europe et, comme le démontre le projet « PURE », le développement durable n’est pas incompatible avec l’urgence découlant autant de l’actuelle crise sanitaire, que des pandémies à venir…

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