Quand Hollande se met en route pour… Canossa !

A l’occasion du 14 juillet, le discours du Président de la République était très attendu. François Hollande a, en partie, avoué un échec, tout en promettant de faire mieux.

Après l'échec avoué, de nouvelles promesses. La France aimerait tellement pouvoir y croire. Foto: © Présidence de la République / C. Alix / P. Segrette

(Par Alain Howiller) – «J’avais dit qu’on allait inverser la courbe du chômage… et puis ce n’est pas venu… J’ai dit… on n’a pas réussi !… On va donner une nouvelle impulsion. J’ai annoncé, ici même, il y a un an, que la croissance était là… Elle est là, mais trop faible.» Exercice difficile, que celui auquel François Hollande s’est livré en ce 14 Juillet après avoir présidé au traditionnel défilé des troupes sur les Champs Elysées. En un peu plus de deux heures, l’armée française a procédé à ce défilé insolite pour tant de visiteurs étrangers, mais qui devait, une fois de plus, passionner les Parisiens venus par milliers découvrir les facettes d’une armée engagée aujourd’hui sur plusieurs fronts. Fantassins, gardes républicains à cheval, troupes à pied ou portés, engins blindés labourant le sol, avions sillonnant le ciel : ils étaient près de 6.000 à défiler pour présenter les nouveautés offertes par l’armée française, le tout en présence des gardes d’honneur avec leur drapeau de 76 des 80 nations qui participèrent, il y a cent ans, à la Première Guerre Mondiale.

Applaudi par les uns, sifflé par d’autres lorsqu’il a remonté les Champs Elysées, François Hollande a répondu, depuis sa résidence élyséenne, aux questions de deux confrères de la télévision, procédant, là encore, à un exercice convenu et traditionnel pour ce jour de fête nationale. Si dans ses réponses, il a pu mettre en relief sa maîtrise de la langue -qui n’a pas empêché un lapsus peut-être révélateur lorsque sa langue a fourché en évoquant le «prisonnier… le présumé innocent» (Sarkozy !)- il a reconnu qu’il a dû, faute de résultats, changer de politique, assumant ainsi son cheminement vers «Canossa», la cité toscane où, il y a plus de mille ans, le futur empereur «allemand» Henri IV a du, en chemise, les pieds dans la neige, reconnaître ses erreurs devant le pape Grégoire VI !

Les vertus de l’apprentissage, enfin reconnues ? – Le Président français a donc reconnu ses fautes, non sans essayer de sauver son bilan en l’éclairant surtout de ce qu’il allait… faire ! A court terme, pour lutter contre le chômage des jeunes -ce qui est une de ses priorités- il veut, dès l’automne relancer l’apprentissage, y compris dans la fonction publique : l’apprentissage -après une décision irrationnelle de limiter les aides à cette forme de formation à la première année de sa mise en application- a chuté de 8% en 2013 et de plus de 15% au premier trimestre de cette année ! La conjoncture (croissance 0 en début d’année avec l’espoir d’en arriver à +0,7% à la fin de 2014) n’a évidemment pas arrangé la situation !

Pour rétablir la situation grevée par les augmentations d’impôts des deux premières années du quinquennat, le Président a rappelé que, dès cette année, pour relancer la consommation et la croissance, il y aura des allègements de fiscalité et que le budget 2015 prévoit des diminutions pour plus de 3 millions de contribuables tandis que des centaines de milliers d’entre eux seront dispensés d’impôts. Les charges des entreprises ont été allégées et un programme d’économies a été engagé. Hollande a réaffirmé une feuille de route de réformes portant sur la santé et l’éducation en 2015, sur les réformes de société et institutionnelles en 2016.

Alsace-Lorraine : des arrière-pesées politiques ? – Il devait aussi rappeler la réforme territoriale (fusion des 22 régions ramenées à 14) venue, cette semaine en première discussion à l’Assemblée Nationale. Rien n’est encore joué pour cette réforme à laquelle certains observateurs, sans doute non sans raisons, prêtent des arrière-pensées électoralistes ! On aurait évité de fusionner des régions où existaient une menace de bas culement à droite et certains, convaincus de l’indéniable habileté tactique du Président de la République, redoutent que dans la fusion envisagée entre la Lorraine et l’ Alsace (seule région restée à droite), soutenue par les élus socialistes de la région, il y ait une tentative de recyclage à gauche de l’Alsace !

Comment d’ailleurs ne pas voir, au delà d’un essai de justification, dans ce message du 14 Juillet qui n’apporte apparemment pas grand chose de neuf, une annonce «subliminale» de François Hollande de se succéder à lui-même, lors des élections présidentielles de 2017 ? Comment interpréter autrement l’insistance avec laquelle il insiste sur son souci de trouver du consensus pour des réformes institutionnelles qui provoqueront, forcément, des «clivages» dans le monde politique ?

La bataille de l’emploi et la repentance ! – Ces «clivages» seront politiquement intéressants pour un candidat sortant qui se représentera aux élections présidentielles, dans l’année qui suivra les débats ! La réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature, le droit de vote aux élections locales des étrangers n’appartenant pas à l’Union Européenne, la modification du système électoral pour y intégrer une dose de proportionnelle aux élections législatives, ont été évoqués lors de l’intervention du 14 Juillet. Ce sont aussi des sujets qui peuvent générer de nouvelles recompositions politiques à droite, comme à gauche !

Il es vrai que si, d’ici là, le Président ne gagne pas la bataille de l’emploi et de la croissance retrouvée, la réélection sera difficile. Elle suppose aussi que les Français aient une capacité d’oubli et que, dans un état qui affiche si volontiers son caractère laïc et républicain, on reconnaisse des vertus à la…. repentance !

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