Quand la caravelle portugaise s’invite aux Canaries…

Habituée des plages canariennes, la « carabela portuguesa » n’y est jamais la bienvenue.

Photographiée à Playa Calera (Valle Gran Rey – La Gomera), cette cousine de la méduse peut, même échouée, facilement gâcher les vacances de touristes non avertis. Foto: Mettep / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – Qui n’a pas, lors d’un premier séjour balnéaire aux Îles Canaries, été surpris à l’annonce d’une alerte aux carabelas portuguesas ? Comme si, suite à une rupture inexpliquée du continuum espace-temps, l’on se voyait projeté à l’époque de l’inimitié et de la féroce concurrence entre les deux grandes puissances maritimes ! Les dites caravelles portugaises, connues des scientifiques sous l’appellation physalia physalis, n’ont rien de commun avec le goûteux coqueret du Pérou dit physalis peruviana, et il vaut mieux ne pas s’aventurer à y goûter. Mais à qui donc, mis à part les amateurs inconditionnels de jelly, la carabela portuguesa pourrait-elle mettre en appétit ?

Cette variante de siphonophore doit son nom commun à son pneumatophore, flotteur rempli d’air ressemblant à la voile oblique des caravelles portugaises des XVe et XVIe siècles. Cousine de la méduse, elle est un organisme pélagique pouvant se laisser dériver sur de très longues distances grâce à son flotteur de surface et ses tentacules atteignant une dizaine de mètres. Urticantes même une fois sèches, ces dernières peuvent occasionner des dommages allant jusqu’à l’arrêt cardiaque, son poison se propageant via le système lymphatique. En Colombie, les tentacules séchées sont employées comme raticide.

Sans aller jusqu’à la mort, le contact répété avec la caravelle portugaise, peut générer chez l’être humain des réactions allergiques. Mais d’une manière absolument certaine, qui s’y frotte, s’en tire avec au minium une brûlure, dont le meilleur traitement consiste en une application d’eau portée à 45°C, car à cette température, le poison injecté se décompose. Le froid par contre, s’il apaise la sensation douloureuse, ne fait que ralentir la progression de la toxine dans l’organisme.

Évoluant habituellement dans les mers tropicales ou subtropicales, les courants et le dérèglement climatique provoquent de plus en plus leur dérive vers des régions où jusqu’ici, elle n’existait pas, comme par exemple jusqu’en Sardaigne depuis 2021, alors que son milieu de vie initial est océanique. Pour l’archipel canarien, où elle est présente en nombre toujours plus grand, notamment de janvier à juin, son arrivée sur le littoral nécessite des campagnes de prévention importantes.

Cet organisme vivant est, entre autres particularités, constitué de plusieurs individus agglomérés, dont les fonctions sont réparties. Identifié au XVIIe siècle, il a été étudié de façon approfondie depuis, et s’avère particulièrement intriguant pour les biologistes marins. La tortue caouanne, qui est avec le poisson lune, l’un de ses principaux prédateurs, connaît une diminution inquiétante de sa population, jusqu’à figurer dans la liste des espèces en voie de disparition. Ce qui ne va pas arranger les choses dans les années à venir.

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