Quand l’art devient politique…
L'actuelle exposition « Front de Mer » organisée par l'association « Rue Méditerranée » à l'Espace 19a à Strasbourg, vaut vraiment le détour. Vraiment.

(KL) – D’accord, il faut trouver l’endroit, caché dans une arrière-cour, tout près de la gare à la Rue Kuhn 19a, mais une fois trouvé, ce lieu « Espace 19a » propose actuellement et jusqu’au 26 octobre, une exposition exquise. Si la plupart des objets exposés sont d’excellents travaux photographiques (les photos en noir et blanc de Yann Le Ny nous plaisent particulièrement), deux grandes peintures captent l’œil du visiteur et parfois, on a même la chance d’y rencontrer l’artiste Yannick Lusuaki Ndombasi, un homme qui vaut le déplacement déjà à lui tout seul.
Depuis sa formation de tailleur de pierres, Yannick sillonne la France et intervient sur les chantiers des grandes cathédrales. En tant que « Bâtisseur de Cathédrale », il perpétue un noble métier, celui qui a permis pendant des siècles, d’ériger des cathédrales impressionnantes, comme celle de Strasbourg.
Mais dans l’exposition « Front de Mer », Yannick reprend sur ses deux grands tableaux, un sujet d’une actualité brûlante et hautement politique. A un moment où l’Italie transporte des réfugiés arrivant en Italie vers l’Albanie, à un moment où la Grande Bretagne veut transporter « ses réfugiés » au Ruanda, à un moment où l’hécatombe en Méditerranée continue presque quotidiennement, ses tableaux donnent à réfléchir. Sans présenter la situation des réfugiés avec un index moralisateur levé, Yannick a peint la vie et la mort. Impressionnant.
Car tout s’y trouve, sur ses tableaux. Les visages neutres qui représentent les milliers de réfugiés qui tentent de gagner la « terre promise », l’Europe, la joie d’avoir sauvé sa vie, la souffrance extrême d’une mère dont l’enfant s’est noyé. Les camions surchargés qui transportent les réfugiés à travers le Sahara, les marchés d’esclaves où des criminels abusent de la situation de faiblesse de ces personnes qui n’ont ni droits, ni nom, ni rien.
L’interprétation de ce sujet oppressant par Yannick Lusuaki Ndombasi est surprenante, et aussi étonnant que cela puisse paraître, l’artiste a capté la beauté de la détresse sur ces deux grands tableaux.
Comme les merveilleuses photos d’une dizaine d’artistes, les tableaux de Yannick peuvent être acquis, ce qui serait, comme pour les photographes, un juste retour pour leur travail. « Ce serait la cerise sur le gâteau », dit Yannick, mais ce serait surtout une reconnaissance pour un artiste hors du commun qui, par ses différentes disciplines artistiques, embellit notre vie.
Front de Mer
Exposition photos – tableaux – sculptures
Espace 19a, 19 Rue Kuhn, Strasbourg (quartier Gare)
Jusqu’au 26 Octobre
Entrée libre
www.ruemediterranee.org (sur ce site, on trouve également tout le programme des « Semaines de la Méditerranée » qui ont lieu actuellement.
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